J’avais envie de raconter une histoire romanesque avec une dimension spirituelle. J’aime la forme des contes qui cachent, sous le récit, une symbolique profonde. Il fallait que j’entraîne le lecteur dans une aventure qui soit un voyage à la fois lointain et intérieur. J’ai choisi le décor du Moyen Âge pour raconter l’histoire de trois jeunes personnages Agathe, Hélix et Eliezer qui voient leurs destins liés à la suite d’un accident. Les voilà entraînés dans une suite éperdue de rebondissements, qui se révèle tout à la fois quête intérieure et affrontement contre des forces hostiles, recherche de soi-même et traversée de la nuit, entre douceur et violence. Dans le Paris du Moyen Âge, cité lumineuse et inquiétante, où se côtoient marchands et truands, alchimistes et recluses, mendiants et enlumineurs, il s’agit de faire face au danger, de se construire, de trouver des raisons de vivre et d’aimer.
Quand il a ouvert la porte, il flottait encore dans l’air les pestilences des linges souillés et des chairs putréfiées. Hugues s’est mis à tousser et s’est frotté les yeux, surpris par la lumière à laquelle il n’était plus habitué. L’Homme vert s’est rapproché dans sa cape couleur des bois qui couvrait son vêtement. Il portait un linge noué autour de sa bouche, si bien qu’on ne voyait pas son visage, à part ses yeux clairs qui l’observaient. L’homme était grand, avec des mains larges couvertes de gants. Un large chapeau couvrait sa tête, laissant s’échapper, çà et là, des mèches de cheveux noirs. De toute sa personne émanait une odeur de camphre et de lavande.
— Tu sais pourquoi je viens, a-t-il dit d’une voix sèche et fatiguée, y a-t-il quelqu’un ici, à part toi ?
— A... Aurèle, ma sœur. Elle est couchée, lui a répondu Hugues, la bouche pâteuse, tant les mots sortaient difficilement.
Il a regardé ce jeune homme mal assuré, dans ses vêtements de drap fin, ses mains longues et déjà noueuses, son visage creusé qui rougissait. Et puis, sans égard, il l’a écarté du passage, d’un geste de sa main gantée. Dans la maison, l’inconnu s’est mis à ouvrir le panneau en bois de la fenêtre, fermé depuis des mois. Il y a eu un long grincement du volet raidit par l’inaction.
— Tu ne gagnes rien en restant ainsi dans le confiné. Tout stagne dans l’air obscur et tu ne vois pas la vermine qui s’installe. Maintenant, conduis-moi à Aurèle.
Éditions Salvator, Les Enfants de Notre-Dame, paru le 15 avril 2021
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