Pourquoi j’ai écrit ce livre
Par nécessité intérieure. Du fond de l’abîme où mon âme chaque matin doit, si souvent, émerger après les nuits sans lune et devant les désastres inchangés qui accablent la terre, j’ai repris dans mes mains le livre où sont consignés les faits et gestes de Jésus, lui qui s’est dit « fils de l’homme » et que ses disciples ont appelé « Fils de Dieu » ; et je me suis laissée guider, en cette heure de mon âge avancé, sur ce chemin des Ecritures. Repartie de l’invitation à rejoindre la Galilée qui clôt l’évangile selon Marc, je me suis attelée à en suivre les méandres jusqu’à son terme, m’attachant à en respecter les lignes, à en percevoir la « bonne nouvelle ».
Extrait
L’appel des premiers disciples. En cet instant de ma lecture, la mémoire de la séquence où Passolini évoque les premiers pas de Jésus dans son film « L’Évangile selon Saint Matthieu » s’est imposée à moi et je me suis prise à décrire ainsi la scène suggérée par Marc : la brume ce matin-là inondait les collines et sur le bord du lac les roseaux s’entretenaient avec le vent. Ni la bécasse, ni le héron n’étaient sortis de leur repaires…
Sur le chemin qui serpentait telle une écharpe faite pour réchauffer les cous transis, un homme allait. De son pas vif, il arpentait, il dépassait, il se hâtait et son manteau flottait au vent, à la façon d’une voilure partie pour côtoyer les antipodes.