Pourquoi j’ai traduit ce livre :
Sur les rives de Tibériade conclut mes traductions de Rachel commencées en 2006 avec Regain qui constituait la première traduction de cette poétesse en français et poursuivies en 2013 par la parution de De loin et Nébo toujours chez Arfuyen. Désormais, avec les trente poèmes épars figurant en bilingue dans Sur les rives de Tibériade, le lecteur francophone a accès à toute l’œuvre poétique de Rachel en traduction.
Sur les rives de Tibériade contient par ailleurs vingt-et-un courts articles, jamais traduits dans aucune langue, qui abordent les sujets les plus divers mais où la poésie, l’art, la littérature occupent une place importante. On y voit évoqués des auteurs écrivant en russe, en hébreu, en italien, en français. Voisinent Francis Jammes avec Shin Shalom, Georges Duhamel avec Isaac Lamdan, Henri Barbusse avec Anda Pinkerfeld, Maurice Maeterlinck avec François d’Assise…
On trouve aussi dans ce volume, inédites en traduction, les lettres émouvantes que Rachel avait écrites de Toulouse lors de son séjour en France.
La vie de Rachel, née en 1890 en Russie et morte en 1931 à Tel-Aviv de la tuberculose, fut courte mais son destin éclatant. On la considère comme une grande pionnière de la poésie hébraïque contemporaine, ses poèmes sont mis en chansons et l’on aime partout à la lire.
Si celle qui à la fin de son premier poème, Ame en voyage, écrivait : « J’irai avec joie à la rencontre de tout, / Pour tout je rendrai grâce ! » a eu une vie marquée tragiquement par la souffrance, elle n’en est pas moins toujours restée habitée par la lumière infinie qui s’incarnait à ses yeux dans l’azur de Tibériade.
« Pendant un court moment tu t’arrêtes, (…), tu jettes un regard d’amour vers le lac ! Que de beauté ! Azur, azur, azur indicible, porteur de paix, guérison de l’âme ». (art. Sur les rives de Tibériade)
Extrait
Une âme s’en allait
Le jour devenait plus sombre,
S’éteignait peu à peu le jour.
D’or terni se recouvraient les nuages
Et les hautes montagnes.
Autour de moi s’obscurcissait l’étendue des champs,
Muette étendue ;
Mon sentier s’éloignait – mon sentier solitaire,
Mon sentier désert…
Pourtant je ne me suis pas révolté contre le destin,
Le règne du destin,
J’irai avec joie à la rencontre de tout,
Pour tout je rendrai grâce
Souvenirs
Le vieux berger Abou-Tsalah
Me réveille : « Lève-toi, Rachel ! »
Le rêve s’est évanoui. De la maison
Comme une ombre je descends.
La cour – autre, autre,
Moi aussi autre, [toute] autre –
Seule, petite et troublée
Dans le monde vaste, nocturne.
Ceux qui dorment [dormiront encore]
Et se délecteront de leur sommeil ;
Mais moi – alliée de la nuit,
Je partage son secret étoilé.
Kislèv, [1931].
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