Jean-Daniel ROBERT - Carnets du Québec

8 / 05 / 2025
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éditions Livres Du Monde, 2025 - poèmes

Pourquoi j’ai écrit ce livre ?

J’ai eu l’occasion de me rendre plusieurs fois au Québec, notamment lors d’un séjour de quatre mois en formation continue, ceci entre les années 1991 et 2012. En même temps, c’était pour moi un pèlerinage au pays de Félix Leclerc, littéralement mon père en écriture ; c’est lui qui m’a donné le goût d’écrire, il y a bien longtemps. Le Québec a ses problèmes de mémoire, et nous autres aussi. Mémoire niée par les “Anglois”, par exemple. Mémoire des luttes ouvrières bafouée, ici en Europe. Ce recueil a été presque totalement écrit au Québec ; avec aussi le fait que le séjour de quatre mois m’a fait écrire ce que je voulais offrir à l’Aimée à mon retour.

Extraits de Carnets du Québec

Les Forges

(Centre d’interprétation I)

Goûter ton pays
           Juste un petit peu

La pauvreté́
au bout de la mémoire...

Croiser nos regards
et rencontrer quelque femme

belle et savoureuse,
riant de paroles fleurdelisées

Elle nous dit
son histoire chavirée,
la fêlure à sa jeunesse,

à ses racines

débordantes de sève

et de rêves

Elle nous dit
sa désespérance et sa joie mêlées

il y a toujours ce serrement
de larmes au mitan de sa gorge

*

Rivière Rimouski

(Centre d’interprétation IV)

Grand-père draveur
est au musée.
Les sentiers sont croches,

à force d’éviter les corps

explosés.

Et nous veillerons à ne pas rouler

dans les colères de la Rimouski.

Balisages hypocrites :
nous visitons la mort travailleuse.

*

Ces mâchoires serrées

accrochées aux fenêtres

des autobus
C’est la joie de chez nous.

*

Ces temps des pieds de nez
aux soutanes et aux vareuses
Ce temps du monde qui marchait
à coups d’affiches et de veillées
oui, nous y croyions...
Nous défilions nos colères heureuses.

Nous étions jeunes prémices,

Nous n’avons été que petit reste.

*

Le vent exhume ton absence et les feuilles n’en finissent plus de rougir. De pudeur ou de honte, je ne sais pas. Nul ne le sait. Le pays le veut ainsi, de lys ou d’érables.

Et c’est bien.

*

Sur quelle branche se pose l’oiseau des incendies ? Nos doigts déplient les rémiges du désir, se referment en creux, brasillent d’absence. Les poignets battent de l’aile, à l’espérance de tes gestes.

*

Mes doigts s’apprêtent à l’école des saveurs, curieux de ces frissons du sourire. Ils naviguent au pays des yeux, attisent les jeunes braises éveillées par l’attente.

***

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