Pourquoi j'ai écrit ce livre :
Bien souvent oublié des grandes monographies consacrées à l'artiste, ce petit tableau conservé au musée du Louvre me bouleverse depuis toujours. Dans la figure du vieux sage assis sous l'escalier, je vois aussi Rembrandt âgé, comme si le jeune artiste de 1632 avait peint, inconsciemment, un premier autoportrait de vieillesse, comme s'il avait peint demain. C'est donc en descendant sur la pointe des pieds l'escalier en colimaçon du Philosophe, en toute discrétion, que j'ose m'aventurer sur les terres incandescentes de Rembrandt. Il était une fois un petit tableau aimé de Paul Valéry, mais aussi de Fragonard, Baudelaire, Claudel, les frères Goncourt... Surtout, il était une fois un jeune peintre qui allait devenir un maître.
Extrait :
Et voilà Rembrandt, en 1669. Près de quarante ans se sont écoulés depuis qu'il a peint le Philosophe du Louvre. Dans son miroir, un vieil homme. Soixante-trois ans. Le double de l'espérance de vie de l'époque. Il a maintenant le visage de tous ces vieillards qu'il a tant aimé peindre, depuis ses débuts à Leyde dans le grenier-atelier de la maison Van Rijn. Se souvient-il de ce petit tableau achevé à Amsterdam, à l'aube d'une carrière qu'il espérait aussi brillante que celle de Rubens ? Peut-être. Sans doute pas. Il garde sa main ridée posée sur les Écritures. Il se peut donc qu'il songe au vieux Tobit du Livre, et que celui-ci a toujours dans son esprit le visage de son vieux père, Harmen ; un vieil infirme priant près de la fenêtre, chauffé par la Lumière. « Ô Lumière que voyait Tobit l'aveugle ! » clamait Saint Augustin. Rembrandt a l'âge d'être Tobit, mais c'est la nuit qui le recouvre.
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