A la rencontre des Saint Christophe, Françoise Bonardel

18 juillet 2024
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Paris, Guy Trédaniel, 2022

Pourquoi j’ai écrit ce livre

        C’est en rassemblant l’iconographie d’un livre plus ancien (Triptyque pour Albrecht Dürer, 2012), que j’ai découvert la richesse de celle dédiée depuis le XII° siècle à saint Christophe. Or, ce saint qui figure dans l’iconographie gréco-byzantine avec une tête de chien, est à la fois très populaire en tant que guide des voyageurs et mal connu en tant que saint chrétien dont la vie légendaire méritait d’être restituée en son entier. Née au Moyen Orient, la légende du Christophore (porteur du Christ) comporte en effet plusieurs séquences, et le passeur qui transporta sur l’autre rive du fleuve un jeune enfant perdu dans la nuit sans savoir qu’il était le Christ, convertit ensuite quantité de païens et connut enfin le martyre. Source d’inspiration pour les peintres, sculpteurs et graveurs, la figure gigantesque du porteur du Christ était par ailleurs censée protéger de la « mauvaise mort », et c’est en tant que porteur de l’espérance chrétienne que Christophe Colomb conquit le Nouveau Monde. Souvent couplé au passage des eaux, le portage peut aussi devenir fatal à l’enfant dès lors que les motivations du porteur deviennent troubles, comme on le voit dans l’imaginaire germanique où émerge la figure inquiétante du Roi des Aulnes. 

Extrait du livre

       Les passeurs forment une sorte de grande famille, de confrérie plus ou moins secrète aussi, mais tous ne furent pas forcément des porteurs ni tous les porteurs des passeurs. Ni le nautonier Charon qui faisait traverser le Styx à celles des âmes qui lui avaient payé leur obole ; ni Anubis guidant les défunts vers leur séjour d’éternité et pas davantage Hermès aux pieds ailés qui, muni de sa baguette d’or, conduisait les âmes dans l’Hadès, ne furent à la fois comme saint Christophe des passeurs et des porteurs. Les deux fonctions sont en lui intimement couplées, accordées, alors qu’elles ne font souvent que se relayer quand elles ne sont pas clairement dissociées. Alors que le passeur a forcément quelque chose à transporter, ne serait-ce que lui-même, le portage n’induit pas forcément le passage et peut être parfaitement statique, comme le montre Atlas immobilisé par la pesanteur de sa charge et auquel on ne saurait donc comparer saint Christophe, si ce n’est pour le gigantisme et la force « herculéenne » qu’ils avaient en commun. A la rencontre de saint Christophe, p. 73-74.

http://francoise-bonardel.com

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