Marie-Line JACQUET – La Saison creuse

Éditions du Cygne. – Janvier 2024

Pourquoi j’ai écrit ce livre       

J’ai écrit ce livre car je suis très sensible à la présence d’une puissance divine à l’œuvre dans la création. Cette dernière, en effet est loin d’être achevée[1]. Ses paysages, jour après jour, se délitent et se reconstruisent. Au prix de violences et de déchirures, l’espace et le temps ne cessent de se contracter ou de se dilater  ( « Et si le temps soudain / S’arrêtait se pliait / En étroites montagnes ? »).

Or, dans les failles ainsi formées, dans les creux des saisons, des échos peuvent résonner : nostalgies d’autres temps, d’autres espaces, et surtout appels de l’éternité (explorons nos géologies intimes !).

Extraits

Or le désert est prompt

Et la fatigue mille

Dans la nuit plane

Volante tel un tapis fin

Exerçons-nous mon âme

Aux traversées

Pas d’arrêt de voyage

Pas de point de repère                                                                                 

Nagent les strates de la nuit

Dans l’uniformément

Limpide

La folie se répand

Quel appel à combler

Quelle plaie colmater

Le centre des douleurs

Vaque et tourne, prospère

Et toujours cependant au même endroit fiché.

                  *

Pure rocheuse conque

Le lac s’y déverse inouï

Et le cristal poli des pics

Va-t-il nous propulser

Vers d’autres cieux arables ?

                                                                                        *

Au creux du lac forêt brisée

Des cieux phosphorescents se baignent

Des eaux de sirop vert

Jungles grottes larvées

Sous les pics  qui lévitent.

[1]    « Or, nous savons que, jusqu’à ce jour, la création tout entière soupire et souffre les douleurs de l’enfantement. » (La Bible, Épître aux Romains, 8, 22).