Patrice OBERT, Une journée de Marilou, apologue pour une vie sobre et heureuse

23 / 09 / 2025
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(Editions Lazare et capucine)

Pourquoi J’ai écrit ce livre 

Nous manquons de récits pour évoquer la transition écologique. En retraçant la vie de Marilou, une jeune retraitée qui vit dans le Finistère sud, j’ai voulu illustrer ce que peut être une vie sobre, heureuse et solidaire, ici et maintenant. Marilou se lève avec le chant du coq, s’endort en lisant un poème. Marilou pose ses prunelles turquoise sur la vie, les femmes et les hommes qu’elle croise, la nature si riche de la Bretagne, les mille préoccupations du quotidien, les réalités cruelles de l’existence. Rien d’extraordinaire dans cette journée qui commence avec le chant du coq et se terminera par la lecture d’un poème, tout est extraordinaire. Cette femme, cette rose qui porte des épines, a le don de créer une arche de Noé. Chacun peut s’y accomplir, mener à terme sa vocation profonde, traverser les épreuves et les embûches, gagner en sagesse. 

Extrait

Au premier chant du coq, elle retourne ses prunelles turquoise posées sur son cœur et ouvre les yeux. Au deuxième chant, elle rejette le drap dans lequel ses rêves se sont entortillés durant la nuit. Au troisième, à peine vêtue d’une légère robe de chambre en lin, la voilà qui dévale l’escalier de la terrasse et pénètre en son royaume.

Ainsi commence cette journée, si semblable au chapelet qu’égrène sa vie, si particulière dans le ravissement de cette matinée fraîche qui annonce une belle journée d’été. Le jardin l’attend, nappé d’une rosée qui effleure ses orteils enchâssés dans ses sandales. Il faudra tondre, pense-t-elle, en sentant les herbes humides lui chatouiller les pieds. Elle ouvre la porte du poulailler, hèle Florette et Croquette qui se précipitent vers elle dans un bruissement de plumes et de caquètements. Ces deux-là ont fini par s’apprivoiser, Florette, la rouquine, recueillie maigrelette, et Croquette, la noiraude bien en chair. Elles trottinent désormais de concert, piquent le sol de leur bec, dégustent les restes tombés de l’assiette que Marilou déverse sur la terre. Monseigneur le coq, royal dans son accoutrement de couleurs et sa crête majestueuse, passe la tête, jette un œil curieux, déploie ses pattes et sa cambrure martiale. Dire que Fanch m’avait promis trois poules, s’interroge Marilou. Elle sourit. Comme elle a été stupéfaite en entendant l’autre jour le chant matinal s’élancer du poulailler ! Une de ses poules avait donc changé de sexe ! Voilà que le combat transgenre venait se nicher dans sa campagne bretonne, qu’elle croyait épargnée des élucubrations citadines. Il lui a fallu se rendre à l’évidence, une des poulettes portait mâle. Voilà qui avait réjoui le voisinage et surpris le Fanch, persuadé d’avoir offert trois spécimens féminins à sa voisine. La nature nous joue des tours, avait pensé Marilou, ravie de ce cheptel inattendu. Mais le coq, depuis quelques temps, se gonfle dans son orgueil, maltraite les femelles apeurées et s’est même autorisé hier à attaquer Marilou en se projetant, pattes en avant, quand elle approchait. Pauvre prétentieux inconséquent ! Il ne sait pas qu’il a signé son arrêt de mort et qu’elle confiera son sort à Léon, lequel, d’un coup de couteau, lui tranchera bientôt le cou. Non mais !

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