L’histoire racontée, nous dit que ce jour-là,
le soleil au zénith, Abraham était là
à l’entrée de sa tente au chêne de Mambré
tandis que sur la piste ensablée s’en venaient
trois voyageurs.
L’icône de Roublev s’impose à la mémoire
tandis que le lecteur au pupitre poursuit
le récit de l’histoire .
Le peintre sur le bois a fixé le moment
où les plats sont servis devant les trois convives
laissant l’hôte dans l’ombre ;
Abraham semble-t-il s’est retiré ailleurs
et pourtant le récit nous retrace un dialogue.
Comme Sara, nous sommes
toute oreille dressée
pour comprendre et saisir
tenants et aboutissements
de ces paroles échangées.
Un fils pour une femme
qui a dépassé cinquante ans
depuis longtemps ! Quelle gageure !
« Pourquoi ce rire ? »
a dit Celui qui a pris la parole
pour annoncer que l’an prochain
à son passage un enfant serait là
fruit de ce sein, stérile parait-il.
Oh ! Ce rire de femme
qui sait ce qu’il en est
de ses désirs d’enfant
si longtemps contrariés !
Mais c’était sans compter sur la parole
qui depuis l’origine a dit : « Que cela soit et cela est ! »
N’avez-vous pas entendu et compris
qu’entre les mots du créateur un autre rire se dessine,
le rire de Celui qui se plaît à surprendre
notre attente et la comble ?
Agnès Gueuret