Pourquoi j’ai écrit ce livre :
Ces petites histoires issues de mon quotidien de mère de famille, sans me départir de mon œil de journaliste, ont été écrites au fil du temps, sous forme de billets pour le site internet de Famille chrétienne. Je n’avais pas l’idée d’en faire un livre, mais en relisant ces chroniques, j’ai réalisé que certains sujets émergeaient, ou revenaient de manière récurrente, et pouvaient continuer de susciter l’intérêt.
Sentinelles de l’Invisible, veilleuses de la vie, gardiennes du temps, les femmes sont aussi celles qui, jour après jour, se donnent. Elles éprouvent fatigue et dispersion, et ont besoin de ressourcement, d’unité, d’intériorité, d’amitié. Celles qui sont chrétiennes oscillent entre le désir de perfection, et la tentation du découragement, mais se savent filles bien aimées du Père, appelées à la sainteté, au cœur même de leur quotidien.
Retrouvant leur centre, leur identité, leur vocation, elles pourront envisager l’œuvre d’éducation comme une manière de faire grandir, avec bienveillance et gratitude.
Prenant leur place dans la société comme citoyennes et comme chrétiennes, les mères sont reliées aux autres dans une ouverture aux souffrances, aux beautés et aux défis du monde contemporain.
Extrait :
Voilà, c’est décidé, je m’accorde une journée de « désert » dans mon mois (mon moi ?) trop encombré. Une page blanche sur mon agenda. Et un rendez-vous illico dans une maison de prière tenue par des religieuses. Cette halte spirituelle, j’en rêve depuis longtemps et attends avec impatience ce temps de repos, de silence et de prière, déchargée de toute obligation.
Le matin du jour dit arrive, et voilà qu’une foule de prétextes viennent freiner mon désir premier : est-ce bien raisonnable de tout planter là pour une journée ? A quoi bon finalement ? Que vais-je faire pendant cette plage vacante ? N’est-ce pas une perte de temps ?
Je fourre dans mon sac plus de livres que je ne pourrai en lire – la peur du vide sans doute – et décide de partir quand même...
Sur le coup, rien d’extraordinaire ne se produit : une journée libre, pendant laquelle j’essaye de lâcher mon quotidien et de me présenter devant Dieu. Silence, méditation, prière, repos aussi. Les fruits viendront plus tard. Une foule d’idées pour un projet sur lequel j’avais peiné longtemps sans aboutir, des rendez-vous que je n’attendais plus et qui se dégagent au bon moment...
Le désert demande toujours un effort : quitter ses habitudes, marcher vers l’inconnu, risquer de se perdre dans l’immensité, accepter le creux, éprouver la soif... et s’apercevoir qu’on est parti trop chargé. Mais le désert est aussi le lieu de la rencontre avec Dieu, qui n’est « ni dans l’ouragan, ni dans le feu, ni dans le tremblement de terre, mais dans la brise légère » (1, R 19, 12)
De même que chez l’enfant, les périodes de régression et de « latence » précèdent souvent un grand bond en avant ou des progrès inespérés, de même il faut passer par le désert et en avoir éprouvé l’aridité pour en mesurer la fécondité.
Imparfaite et débordée, chroniques d’une maman d’aujourd’hui, Salvator, 2016
Raphaëlle Simon est journaliste.
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