Au moment où s‘éteint la voix du pape François, c’est le moment de découvrir -ou redécouvrir- une de ses lettres, courte, limpide et puissante, parue en août dernier et intitulée « Louée soit la lecture ! » La traduction française aux éditions de l’Equateur est préfacée par William Marx, professeur au Collège de France qui se dit ébloui par ce texte, lui, le « fidèle d’une seule religion : la littérature ».
Ecritures et Spiritualités se retrouve avec bonheur dans ces mots de François qui chantent « la puissance spirituelle de la littérature ».
Car, dit-il, lire un livre ouvre à la compréhension de la complexité du réel et de soi-même : « en lisant un roman ou une œuvre poétique, le lecteur vit l’expérience d’“être lu” par les mots qu’il lit. » Lire un roman ou un poème libère en nous des espaces intérieurs, nous confronte à nos abîmes, nos passions, nos désirs. En nous mettant « à la place d’autrui », elle amplifie la vie, nous fait voir le monde avec les yeux d’un autre. En ce sens, la littérature, est une véritable expérience spirituelle, une expérience transformatrice. Apprentissage de l’écoute, elle donne à entendre « la voix de quelqu’un », et toutes les voix des autres. Elle nous décentre, et nous rend co-auteur à notre tour.
Un pape qui pour appuyer son propos sur Proust, Borges, C. S. Lewis, Cocteau, ou Celan, ce n’est vraiment pas banal.
Claude Plettner