
JACQUET Marie-Line, Les trois étés du manoir, MVO éditions, novembre 2025
Pourquoi j’ai écrit ce livre
Le véritable sujet de ce roman est l’écriture : je me suis toujours interrogée sur les enjeux liés à l’acte d’écrire. Dans ce récit, l’héroïne souhaite rédiger un roman, et ce faisant, elle s’aperçoit que ses productions littéraires témoignent d’une fascination ambiguë pour le mal. En même temps, ses textes expriment son exaltation face à la beauté d’une nature montagnarde, mais cette beauté elle-même se voit contaminée par des forces de destruction. Dès lors Florence (c’est le nom du personnage) se sent constamment déchirée entre des éléments contradictoires, jusqu’au moment où elle connaîtra un certain apaisement : cette problématique correspond bien entendu à mes propres questionnements.
Extrait
Comment décrire tout cela ? se demanda Florence. Allait-on lui proposer, dans l’atelier d’écriture, de s’inspirer du paysage ? Même si la lumière changeait constamment, elle s’estimait incapable de rendre, avec des mots, toute la magie du site. Le soleil disparaissait par moments, des ombres extrêmement mobiles couraient sur les versants. Les teintes du glacier passaient d’un bleu turquoise à des nuances de gris plombé. Sous ses yeux, les montagnes ne cessaient de se défaire, de se recomposer. Elles se transformaient au rythme de ses pensées, et ses sentiments.
Pour capter ces variations, il eût fallu rivaliser de vitesse avec la nature. Comme si le monde était en voie de création, en état d’inachèvement. Comme s’il s’élaborait sous son regard, et qu’elle contribuait, rien qu’en observant, à ce fabuleux processus.
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