Lecture d’Isaline DUTRU, Abd-el-Kader, L’Arabe des Lumières de Karima BERGER

23 / 09 / 2025

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Après la lecture du dernier ouvrage de Karima Berger, L’Arabe des Lumières, quelque chose de lumineux s’est éveillé en moi ! En effet, la vie de l’Émir s’apparente à une formidable épopée autant historique que spirituelle et les mots qui me viennent sont ceux de « métamorphose », « transformation » ou encore « métanoïa ». Comment les épreuves aussi terribles que la trahison entraînant la mort de beaucoup de proches peuvent-elles amener à la croissance spirituelle d’un homme ?

Apprendre de son « ennemi » ! C’est l’étude de « l’ennemi » chrétien – après la trahison de l’état français où Abd-el-Kader sera injustement fait prisonnier pendant cinq ans – qui lui permettra de déboucher sur le pardon, la miséricorde… au point que nombre d’hommes politiques européens seront presque « ébranlés » dans leur foi d’origine. Et si Abd-el-Kader, « L’Arabe », ne vivait pas le christianisme… mieux que nous ? semblent s’interroger ceux qui ont laissé mourir quantité de gens de sa famille en prison. À aucun moment, L’Émir ne souhaite se venger. D’autre part, s’il est ébloui par les progrès techniques de la France, il comprend aussi très vite que ces progrès n’ont aucune finalité spirituelle. Tout cela semble vide de sens si le bien-être moral et spirituel de l’homme n’est pas central.

En 1860, après le sauvetage d’un millier de chrétiens à Damas, lors d’émeutes antichrétiennes, Abd-el-Kader dira seulement : « Ce que j’ai fait, je me devais de le faire au nom de l’islam et du respect des droits humains ». Je souligne cette dernière expression, la notion de « droits humains » qui revêt un caractère unique à la fin du XIX° siècle. Oui, la vie de L’Émir peut renouveler en chacun l’aspiration à « L’Idéal », au « Très-Haut », le désir d’unir sa vie spirituelle à un engagement personnel authentique… le nécessaire combat intérieur, le djihâd, qui permet d’être « un pèlerin perpétuel » en quête de son Seigneur. On le comprend très vite, la vie d’Abd-el-Kader dépasse les frontières de l’islam.

S’appuyant sur une solide documentation, autant celle des archives de la vie de l’Émir que celle du contexte géopolitique qu’elle déploie avec brio, Karima Berger nous ouvre à une nouvelle connaissance de l’islam où la poésie est aussi une voie singulière pour parler du Ciel.

« La religion que je professe
Est celle de l’Amour
Partout où ses montures se tournent
L’amour est ma religion et ma foi ! »

écrit l’Émir comme un ultime testament…

Lors de rencontres interreligieuses, on pourrait méditer cette réflexion de l’Émir, qui contient une pépite de sagesse lumineuse, celle qui m’a éblouie : « Les soufis n’amènent pas une nouvelle religion mais ils trouvent des significations nouvelles à la religion éternelle ».

Isaline Dutru

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