Actes Sud 2023
Un essai/témoignage qui ressemble à une tresse tissée de plusieurs brins :
· Les événements de Syrie, mais aussi, par derrière, la Shoah et Tchernobyl
· La maladie brutale et la mort de sa mère, Marielle de Sarnez, vice-présidente du Modem, qui fut une éphémère Ministre des affaires européennes, mais qui joua un rôle important comme députée européenne, puis, à la fin, comme présidente de la commission des affaires étrangères
· Une réflexion sur la littérature et l’engagement à travers la vie de sa mère et sa propre vie, comme enfant, adolescente, puis femme.
Justine Augier se présente à nous elle-même tressée de littérature, c’est-à-dire de référence à des livres et à des citations, citations dont elle parle pages 56 et 57, comme une « façon de proclamer une certaine idée de la littérature… à revendiquer comme engagée ».
De la littérature, elle dit des choses essentielles au fil du texte :
· P 18 : une arme discrète et implacable contre l’oubli
· P23 elle redonne au temps sa texture, convoque les fantômes
· P31 sa radioactivité, qui permet à la matière de cheminer en nous et de nous irradier
· P53 elle défait ce qui enferme, défait les illusions de la transparence
· P69 les poètes sont ceux qui sont capables de changer profondément le monde ( citation)
· P 81 elle prend soin des rêves défaits et les attise dans l’espoir qu’ils puissent cheminer pour en embraser d’autres
· P82 elle donne à voir l’obscurité, recueille les rêves défaits et ouvre la voie à la possibilité d’une communauté
· P86 c’est l’enfance retrouvée ( citation)
· P 97 c’est le bouleversement, la sensation d’ouverture, d’élargissement ( citation)
· P127 elle fait tenir ensemble
· Enfin, il faut citer la page 105 sur la nécessité de retrouver le pouvoir perdu de la langue
De ce florilège, on retient que Justine Augier vit à travers la littérature, vraiment. Pour quels rêves, faits et défaits ?
Mais un autre thème s’impose, celui de l’Europe, pour lequel sa mère s’est battue toute sa vie. Afin de s’émanciper de sa famille, l’autrice quitte la France, part en Syrie, voyage. Elle revient avec un regard sévère sur une Europe qui veut ignorer le monde ( p 14, 71). Et notamment, page 18 : « L’Europe ne se comprend pas sans cette imprégnation de la mémoire de la Shoah, de l’événement et des récits qui nous en ont été livrés, ont fait apparaître une fois pour toutes un lien essentiel entre les phrases et l’absence, les phrases et l’indicible, et la grande culpabilité de la langue »
Mais, au-delà de ces réflexions qui tiennent au corps de Justine Augier, ce livre est un magnifique hommage à sa mère (cf les pages 34 et s) et à la relation fusionnelle qui s’est nouée entre elles, durant toute leurs vies, autour et avec les livres.
Reste ce titre énigmatique : Croire. Sur les pouvoirs de la littérature » Le titre est « Croire » comme l’atteste la mention sur la tranche du livre. Croire à quoi, en qui ? Comme s’il y avait en réalité deux titres, l’un sur les pouvoirs de la littérature, l’autre, plus intime, caché, qui reste pour moi le mystère de Justine Augier, sans doute en rapport avec ses rêves les plus secrets.
NB : On se référera également à l’interview parue dans La CroixHebdo du 20 mai 2023.
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