À force de soleil, l’herbe a jauni.
Le pays flambe, le ciel est rouge.
Une chaleur féroce arde ses traits.
À mes pieds, le chat supplie.
Son poil, on dirait brûlé.
Étendu sur le dos,
il s’étale, se tord puis se déplie.
Son ventre à découvert,
il l’offre à mon regard.
Il veut ma main.
Apaise ma brûlure.
Un vent de tempête a baigné les arbres.
Ils adorent se faire empoigner
par cette grande main invisible.
Épuisés et frais, ils reposent.
La nuit sur eux se couche.
Dix fois par jour, l’enfant s’écrie
et découvre l’extase.
Cette fois, c’est l’agapanthe
et sa couleur violente.
Elle la déchire et la mange.
Je suis donnée
au jardin du don.
Aux insectes, scies exquises,
à Maryam, hier Assomptée,
à l’arbre de mon Émir,
aux deux tourterelles
au faîte des deux cimes.
Livrée
au fin silence.
Ce suspens
d’avant le poème.
Abandonnée
à l’inspir qui vient.
Alcôve d’une haleine, divine.
Fin d’été.
Fleurs épuisées
d’éclore et de jouir.
Seules les roses.
Les roses seules
aimantent notre regard.
Dîtes Gloire à Dieu !
Dîtes Sabhân Allâh !
Pas une fleur admirée
sans la douce injonction
d’un père amoureux
de sa vie, de son jardin, de tout.
Le poulet du repas faisait l’affaire.
Ses os démontés puis rousillés,
dénudés puis scrutés de près,
ils disaient le miracle.
Bismi Allâh, Au nom de Dieu,
ouvrait nos jours, nos bains, nos repas.
Hamdulillâh, Louange à Dieu,
scellait la fin assouvie de nos joies.
Les cieux, la terre, les nuages,
les oiseaux alignés,
les montagnes,
les vers de terre,
tous célèbrent leur Seigneur.
C’est le Livre qui le dit.
Sur mon tapis.
Danse de la Création.
Debout je suis l’arbre et ouvre grand mes mains.
Courbée, je suis l’animal, à peine sorti de terre.
À genoux, je suis femme et me repose en Lui.
Prosternée, je ne suis plus que pierre.
Karima Berger – 30 août 2024, Cap-Fréhel