Colère et louange
Loué soit le matin d’été.
Ce ciel d’azur que déchire la cigale.
Elle a revêtu l’armure du jour.
Sa stridulation perce la touffeur de l’été.
Zèbre le ciel de ses cris,
Par-dessus l’arbre centenaire.
Et j’entends le chœur inquiet d’un peuple
Désarmé, pourchassé,
Quand hurlent les sirènes,
Gémissent les enfants,
Leurs yeux emplis de terreur,
Dans les bras des pères.
La louange de ma bouche se couvre
D’un goût de larmes et de sang.
Quand tombent des fils et des filles,
Il n’y a plus de douceur
Au pays des hommes.
Louée soit la tendresse des mères,
De génération en génération.
Béni soit le cri des femmes
Qui alertent et supplient sous les murailles
De fer d’arrogance et de mâles puissances.
Louange à ceux qui peinent,
Et courbés, marchent encore,
Dignement, vers un autre horizon.
De ses mille bras maternels,
La divine tendresse allaite l’orphelin,
Invite le réfugié,
Elle ne se glorifie pas.
Y aura-t-il encore
Assez de douceur sur la terre
Pour nos chants,
Colère et louange,
Dans nos gorges ?
Christine Ray, juillet 2024