Françoise Bonardel, Le Graal, Paris, Dervy, 2025, collection « Les symboles de notre histoire »
Pourquoi j’ai écrit ce livre
Je connaissais depuis longtemps les principaux romans du cycle arthurien relatifs à la quête du Graal – tous n’en parlent pas – et ne partageais pas l’exaspération de Nietzsche à l’endroit du Parsifal de Richard Wagner, qu’au contraire j’admirais. Mais écrire sur le Graal ne devint une évidence que le jour où les éditions Dervy me proposèrent d’apporter ma contribution à une nouvelle collection dédiée aux « symboles de notre histoire ». Or le Graal n’est-il pas « le symbole des symboles », selon le médiéviste Philippe Walter ? Le défi fut alors de faire rentrer cette fresque romanesque dans un livre de dimension modeste, destiné qui plus est à un large public. Il fallait donc en faire une sorte de livre-bijou dont la vue d’abord, puis la lecture, restitueraient quelque chose de la magnificence du Graal, enchâssé dans les mots et dans les quinze illustrations qui clôturent ce livre.
Extrait
Car c’est grâce aux symboles, images sensibles de l’intelligible, que l’être humain peut espérer parvenir à unifier son être dissocié, tiraillé entre ce qu’il doit à la Terre et ce qu’exige de lui le Ciel. De même est-ce sur un double plan – horizontal et vertical – que se déploie la quête du Graal au cours de laquelle la multiplication des Aventures, rencontrées mais jamais délibérément recherchées, contribue à l’ennoblissement spirituel du chevalier errant qui a fait vœu, comme Perceval, « de ne jamais passer deux nuits de suite dans un même endroit avant d’avoir atteint son but ». (Didot-Perceval).[…]
C’est qu’une quête n’est pas une enquête, conduite par un chercheur savant et curieux, mais un engagement total et inconditionnel de l’être dont le corps et l’esprit sont tendus vers un but unique et difficilement accessible, symbolisé par cet objet rare et précieux que le commun des mortels ne voit pas, ou dont il ignore même l’existence.