Pourquoi ce livre ?
Que faire de cette envie qui nous saisit parfois de tout lâcher pour courir nous mettre à l’abri ? Survie ou lâcheté ? Rechercher la sécurité ou accepter l’intranquillité ? J’ai voulu proposer d’autres manières éclairées par l’art, la philosophie, les grands textes spirituels, non pas de trouver mais bien de faire refuge.
Il ne saurait s’agir seulement de trouver un abri à l’écart du désordre. Le nid, l’oasis nous disent à quel point le lieu sûr est avant tout une source de vie et d’élan. Mais tout refuge est destiné à être quitté : il est là pour nous préparer à d’autres routes. Comme l’alpiniste, nous pouvons faire de nos refuges des camps de base pour affronter les sommets. Plus encore : redécouvrant la vertu d’hospitalité, nous pouvons susciter des lieux de rencontre et de partage.
Extrait
« J’ai aimé laisser résonner en mon cœur, au cours de ces mois d’écriture et de silence, l’opposition, qui n’est qu’apparente, entre le Dieu rempart et le Dieu vagabond, entre le seigneur du château et le demandeur d’asile. J’y ai retrouvé les deux tendances qui cohabitent en moi. J’y ai chaque jour davantage lu une invitation, reçu ce qui m’est un vrai enseignement pour aujourd’hui. De refuge sûr, nous ne trouverons pas. Il est révolu l’âge bienheureux de l’enfance, âge d’or, âge mythologique, quand des bras forts et doux étaient là pour recueillir nos peines et nous défendre des rudesses du monde – a-t-il au reste jamais existé ? L’homme de Nazareth nous rappelle que nous sommes pèlerins sur la Terre, pèlerins de nos vies. À la suite de ceux qui l’ont reçu à leur table, nous sommes invités à reconnaître l’ange dans celui qui se présente à notre porte. »