
Gabriel Ringlet
Des rites pour la Vie, ed. Albin Michel
Une lecture de Christine Ray
Il est prêtre, catholique, et un écrivain que nous connaissons bien ; il a reçu le Prix Écritures&Spiritualités en 2003, pour Ma part de gravité.
Cela lui va bien, les Écritures et toutes les spiritualités, autrement dit l’Esprit qui souffle des paroles et des gestes vrais par-dessus les frontières des religions ou des institutions. C’est bien ce qui bouleverse à la lecture de son dernier ouvrage Des rites pour la Vie, (Albin Michel).
Prêtre, avec une réputation d’accueil, Gabriel Ringlet reçoit de nombreuses demandes de personnes loin des Églises, mal à l’aise avec les dogmes, athées parfois, mais qui demandent « un quelque chose de plus » dans les moments graves de l’existence, pour être pleinement humain, relié à ce que l’on ne sait pas nommer, qui nous dépasse. Des personnes en colère aussi, ou abimées, comme Sophie, abusée enfant par le grand-oncle prêtre qui l’avait baptisée. Elle demande à être purifiée d’une faute qu’elle n’a pas commise, et baptisée à nouveau, en pleine liberté. « J’ai dit oui à Sophie ». Parce que « le temps est venu d’élargir l’espace de la grâce et d’expérimenter des célébrations où pourra se déployer une ritualité ouverte » comme le souhaite le théologien Christoph Theobald. Que les paroles prononcées et les gestes posés aient un sens pour ceux qui les demandent.
« On n’y connait rien, on vous fait confiance, on veut juste se marier ». Comment rejoindre Gino et Marietta et construire avec eux la célébration de leur amour ? La conversation semblait fermée, jusqu’au moment où, par une soudaine intuition, le prêtre leur demande quel est leur horoscope. Et voilà que l’un et l’autre s’animent, une porte s’est ouverte pour inventer une cérémonie qui leur ressemble. Les préventions du prêtre à l’égard du déterminisme de l’astrologie mises de côté, une conversation joyeuse est établie ; l’Évangile de saint Jean n’est plus une parole extérieure. À la réception qui suit, les jeunes invités présents s’émerveillent de la messe qu’ils ont vécue.
Décès, avortement, fin de vie, fêtes, naissances, suicides, a_entats : créer des rites pour la Vie, ancrés dans les Écritures et dans la vie singulière des personnes, quelles que soient les situations vécues, afin que la Parole soit vraie, Gabriel Ringlet reconnaît que ce sont des expériences spirituelles uniques, qui le transforment. Elles ne sont pas éloignées du travail de l’écrivain : « La parole de l’Évangile n’est-elle pas, par excellence, artisanale et poétique ? » À lire ces récits de cérémonies à l’écoute de la Vie, aussi diverse, on entend qu’une parole poétique, évangélique peut « faire ce qu’elle dit », féconder nos terres stériles.