Le recueil de Gilles Baudry (moine en Bretagne, à l’abbaye de Landévennec) , se subdivise en trois parties : "D’ORES & DÉJÀ ", "LE FUR & LA MESURE " , " l’INSTANT DU MONDE".
Dans la première section, le poète exalte un temps suspendu, faits de moments magiques. Le premier texte, intitulé "La porte ocellée ", nous présente l’entrée dans cet univers, où l’enfance (« l’enfance phréatique ») représente une part importante, non dénuée d’humour : « plus bas que les nuages noirs / une longue traînée ou frange rose // - « C’est le ciel / dit l’enfant- /qui donne sa langue au chat. » Ici, « le quotidien / a la couleur de l’éternel. », mais déjà, « venue / à pas de louve / avec l’insomnie de la neige // la nuit / écrit en nous / le braille indélébile de / l’absence. »
La seconde section évoque la marche inéluctable du temps, à travers la musique, notamment, et aussi le silence : « Une mesure pour rien // pour que le temps s’enneige / d’un chant à bouche fermée / l’espace d’une page vierge ». Si nous pleurons à l’écoute du chant d’un violoncelle, « sans doute ne sommes-nous pas / encore tels / que cette musique qui nous étreint / nous promet d’être. »
À noter : dans cette partie (et dans l’ensemble du recueil), le poète évoque de nombreux instrumentistes, poètes (Colette Nys-Mazure, Philippe Jaccottet, Pessoa), plasticiens (Chagall). Tous ces artistes ne font-ils pas naître l’éternité à partir d’un instant (comme ce papillon : « [.. .] n’est-ce pas l’infini / sur la tige de l’instant / et le brin d’herbe où il se pose / un battement de cil de l’éternel ? »)
La troisième section traite de la vieillesse, de la mort (avec des tombeaux notamment, celui qui est rédigé à la mémoire de Philippe Mac Leod, par exemple) et de l’au-delà (« n’aie d’yeux que pour l’invisible / qui par pudeur se cache dans / la pauvreté des apparences. »). Pour Gilles Baudry, "L’adieu" précède toujours "La Rencontre".
M L J