Un temps à la chapelle Notre-Dame-des-Anges

11 / 06 / 2025

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Traces Johanniques d’Agnès Gueuret.

Le 1ᵉʳ juin, dans les rues de Paris, une grande foule se pressait pour rejoindre les Champs-Élysées et célébrer le triomphe de la France contre l’Italie en Ligue des champions. Nous étions quelques-uns à vivre une autre fête. Rue de Vaugirard, Agnès Gueuret, accompagnée de deux lecteurs — Anne-Marie Passaret et Jean Verrier —, nous offrait la lecture d’un texte, fruit de sa méditation sur l’Évangile de Jean.

La chapelle Notre-Dame-des-Anges était un refuge : on quittait le bruit des klaxons et les cris de victoire, l’air lourd d’orages et le soleil piquant. Dans l’air frais de la chapelle, sa paix, sa lumière douce, j’ai pensé être revenue aux temps des catacombes. Dès que la voix de Jean Verrier s’est mise à résonner, j’ai compris que, dans ce lieu oublié de tous, j’allais vivre un moment hors du temps, au goût d’éternité.

Tout était nouveau à l’écoute ; je ne m’attendais à rien, et c’est ainsi que j’ai reçu ce que les mots poétiques d’Agnès Gueuret, précis, profonds, pleins de silence habité, me donnaient. J’ai voyagé en Judée, en Samarie et en Galilée : mes pas étaient lents, méditatifs, pleins de poussière. J’allais, et je n’étais pas seule sur le chemin.

Dans la chapelle, ceux qui étaient présents suivaient chaque mot comme un indice sur leur route, une clarté pour les orienter. J’ai écouté avec eux en communion : j’ai vécu les appels, les questions au Rabbi ; j’ai vu les guérisons, j’ai bu le vin de la vigne, j’ai suivi l’oiseau qui porte les âmes vers les hauteurs.

Le texte m’a frappée par son audace : aller chercher dans le creux du texte ce qui est tu, remettre Marie au cœur de l’histoire — et Marie-Madeleine — tout en respectant le vide d’explications, en laissant les mots suspendus, en goûtant ce que l’Évangile donne : goûter le verbe, retrouver la justesse et la rareté de la parole.

Que c’est beau lorsqu’une poète comme Agnès, qui a « mangé le livre » en le savourant pendant des années, se met au service de l’esprit du texte sacré ! Les mots de Saint Jean sont des braises qui attendent que nous soufflions pour faire renaître le feu. Une poète peut nous y aider : ce fut le cas.

Les lectures étaient ponctuées de courtes improvisations musicales au hautbois. La musique du Père Jean-Pierre Longeat était aussi inspirée que les voix des lecteurs. À la fin du spectacle, il s’est tourné vers l’autel pour jouer un air lent, une mélopée d’Orient et d’Occident mêlée du même souffle.

Le rôle du poète est de guérir le cœur en touchant droit au centre de la cible. Les mots d’Agnès Gueuret ont eu ce pouvoir ce jour-là ; je peux en témoigner.

Paule Amblard

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