Les lectures... de Paule Amblard

13 janvier 2025
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L’infini dans l’œil éphémère, Isaline Bourgenot Dutru, Le Lys Bleu  Editions 2024

L’infini dans l’œil éphémère, c’est un recueil de poésies. Il s’agit bien pour Isaline Bourgenot Dutru d’accueillir ce qu’elle voit sourdre sous la surface de la vie quotidienne, la nature, les oiseaux et les fleurs, les paroles entendues, les visages de proches ou d’inconnus. Recueillir comme un geste désespéré pour maintenir l’espérance, pour consoler son enfant frappé d’une maladie qui altère sa vision. Lui dire aussi que l’œil vient à se fermer mais pas le regard. Celui qui demande justement que l’œil physique soit clos. Ce voyage Isaline l’accomplit dans ses mots, en montrant l’infini caché dans la surface. La poète plonge son regard dans un au-delà du visible. Elle va fouiller l’apparence des choses, pour aller chercher une palpitation qui vit, se transforme, est toujours en mouvement. Comment dire cette vie mouvante, à l’image de l’onde d’une rivière, cette vie que l’on ne pourra jamais attraper tant elle est déjà ailleurs alors qu’on croit l’avoir saisie. La poète le sait, elle joue avec les mots, les images, les couleurs. Publier des poèmes c’est entreprendre un chemin de crête étroit, cerné par l’abîme, solitaire comme tout chemin d’écriture, mais sans doute plus à découvert. Cette mise à nue de l’âme est une prise de risque qui dévoile l’être jusqu’à l’os, jusqu’à l’intime souffrance. Dans ce recueil pourtant tout est transcendé dans la joie de l’instant. Les poèmes résonnent de chants d’oiseaux. Ils exultent à pleine gorge et peuplent les vers libres de leurs ailes. Pour un peu, ils nous guident tels les oiseaux du Cantique d’Attar. Leur présence est un signe spirituel. L’envol d’une promesse. 

« L’œil de l’oiseau luisant comme un gros grain de cassis

semble apercevoir l’au-delà ».

Et plus loin :

" L’oiseau trace pour elle des signes inconnus 

sur la toile bleue de la voûte.

Qui saura les dévoiler ?

« Énigmes, comme un éblouissement.

Elles ont précipité l’injonction d’écrire ».  

La poésie d’Isaline est une musique, une fugue, elle va et vient, butine une image, s’échappe, butine une parole de la Bible, fuit plus loin, vers d’autres poètes, Baudelaire dont elle connaît les vers avec le cœur. Il se peut aussi qu’elle improvise comme en jazz pour suivre cette intuition qui sous sa plume est un rythme, un accent éphémère, infini comme l’amour.  

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