Catherine Chalier poursuit son œuvre de pensée et d’écriture. Avec une ferveur tranquille elle ouvre pour nous des univers que l’on croyait oubliés de nos mémoires contemporaines. Comme une clarté furtive sonne comme un Rappel.
Lettre à la philosophe, après ma lecture de Comme une clarté furtive. Naître-mourir.
« Oui, désormais, j’ai décidé d’adopter sans hésiter (et je m'en souviendrai) une de vos propositions : parler de nous comme les fils d’Adam plutôt que comme mortels. Car c’est une intuition tendre pour l’homme que de l’inviter à se souvenir du début. C’est une clarté qui l’a fait homme ainsi que ce nom à l’enfant, donné – comme une lumière- dites-vous, en convoquant la parole d’Isaïe : « L’Eternel a énoncé mon nom dès le sein de ma mère ».
Peut-être d’ailleurs, est-ce un signe de dépérissement et de « rabaissement » du langage que de confondre à ce sujet Eternité et Immortalité, non seulement de les confondre mais même de substituer à l’Eternité l’Immortalité qui laisse -sournoisement ?- la place libre à la toute-puissance de l’homme. Plus personne ne parle d’éternité, mais l’immortalité est devenue le grand fantasme de l’homme contemporain, oublieux de cette première clarté.
Je garde précieusement aussi de cette lecture ce « point intérieur » ou ce « point saint » qui échapperait au temps : « il ne nous rendrait pas immortels, il donnerait à penser et à éprouver le fait que nous portons en nous « une étincelle « qui échappe au temps car elle participe d’une réalité éternelle »(p. 234)
Vous nous invitez à vivre cette « expérience que chacun peut faire de ce qui meurt en lui -de ce qui doit mourir en lui- pour qu’il continue de vivre et de se renouveler et garder vivant son amour de le vie », autrement dit comment inscrire la mort dans la vie.
Le témoignage d’Etty Hillesum que vous convoquez aussi est ici capital, elle qui ne voulait pas laisser les siens « mourir seuls » et ne pas satisfaire la pulsion mauvaise de la mort de masse, qui écrase tout sur son passage, toute individualité, toute humanité incarnée en chacun. A ce propos, vous évoquez la mort de masse et non pas seulement le destin de masse. En effet, le destin de la mort de masse figure mieux encore l’entreprise funeste des crimes du XX et du siècle présent, que le seul « destin de masse » que Etty Hillesum dans sa pensée novatrice avait proposé.
Beaucoup d’autres choses encore, appelées assurément à être reconvoquées, dans ma « modeste » éternité.
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