Le flot de la poésie continuera de couler,
J.M.G. Le Clézio Avec la collaboration de DONG QIANG
Éditions Philippe Rey, 2020
Impossible de résumer ces deux cents pages qui revisitent l’ère des Tang et suivent, en les citant et les commentant, les poètes qui y sont nés et y ont produit des œuvres immenses de par la simplicité autant que par la profondeur de leurs observations et de la traduction qu’ils en donnent. Mais ce que je peux vous partager, c’est l’encouragement que j’y ai puisé à dresser chaque jour une oreille attentive aux réalités du monde qui m’entoure et m’assaille, cela modestement mais avec le plus de justesse possible.
Ces poétes cités par Le Clézio abordent les thèmes de leur vie quotidienne, convoquant dans leur art et exprimant dans leur langage la beauté des hommes et des femmes qu’ils côtoient et dont ils se savent l’un des leurs. Les thèmes qu’ils abordent, « la guerre », « l’amour », « l’amitié », « la compassion », « la nature », pour ne citer que les principaux, deviennent les objets de la vaste enquête de Le Clézio. En voici quelques extraits :
La guerre, cette pensée de Du Fu toute tournée vers le peuple :
« Dans le silence je pense à ceux qui ont perdu leurs professions
Ainsi qu’à ces recrues envoyées à la frontière et aux combats »
L’amour, qui « n’est pas le privilège des lettrés et des nobles L’amour est universel Il fait d’une femme une pierre au bord d’un fleuve Une pierre qui endure le vent et la pluie … »
L’amitié que scelle la poésie. Quand il apprend l’exil de Li Bai, son ami poéte lui aussi, Du Fu craint si fort sa mort qu’il écrit le poème intitulé : En rêvant de Li Bai
La compassion liée encore à la guerre quand La Troupe des recruteurs arrive au village de la Butte aux Pierres.
La nature et ce poème de Li Bai cité par Le Clézio à la première page de son livre :
Assis devant le Mont Jingting
« Les oiseaux s’effacent en s’envolant vers le haut
Un nuage solitaire s’éloigne dans une grande nonchalance
Seuls, nous restons face à face, le Mont Jingting et moi
Sans nous lasser jamais l’un de l’autre »
Conclusion de Le Clézio : « Être poète en ce siècle de violence et de trahison (qu’est le siècle de la dynastie Tang) c’est être fidèle. Non pas à un gouvernement, «ni à une croyance religieuse, mais fidèle à soi-même, » car « la matière de cette poésie … c’est la réalité. » C’est moi qui souligne. J’en ai pris acte comme une invitation à moi adressée et que je vous transmets ici, car il m’a semblé que cette invitation traduisait l’appel qu’entend tout(e) écrivain(e), poète, littérateur(se), adhérent(e) à Ecritures & Spiritualités.
Warning: Undefined array key "preview" in /home/ecrituretw/www2/wp-content/plugins/oxygen/component-framework/components/classes/comment-form.class.php on line 79