Ce livre très court mérite toute notre attention. Très facile à lire, il est la traduction inédite d ‘une conférence donnée quelques mois avant sa mort, en 2018, par le grand romancier israélien de gauche Amos Oz. L’écrivain, non religieux, fut un grand lecteur de la Bible et du Nouveau Testament. Son dernier roman s’intitulait justement Judas. Il s’interrogeait sur la figure du traître, si longtemps véhiculée dans la tradition chrétienne à propos de Judas, Juif qui d’après l’Evangile a vendu Jésus pour quelques pièces d’or. De Judas à Judéen et Juif, il n’y a qu’un pas, qui a conduit à cet antisémitisme chrétien dont la Shoah a été la conséquence la plus monstrueuse L’auteur propose une autre vision, qui intéresse les chrétiens. Judas serait l’apôtre qui croyait le plus à la mission rédemptrice de Jésus mais qui espérait un ultime miracle pour la réalisation immédiate du Royaume. Ce livre nécessaire invite à une pensée ravivée sur la filiation juive des chrétiens et sur la polyphonie des Ecritures.
La préface de la rabbine Delphine Horvilleur prolonge la réflexion sur ce terme de traître, si facile à prononcer, si souvent attribué à des femmes et hommes de paix pour les éliminer.
Christine Ray, (publié dans Panorama)
Jésus et Judas, Amos Oz, Traduit de l’anglais par Sylvie Cohen. Préface de Delphine Horvilleur, Ed. Grasset, 55p.