Pourquoi ce livre ?
J’ai rencontré Jean-Paul Mongin à l’occasion d’une signature et découvert Les petits Platons dont il est l’inventeur, l’éditeur, et l’un des auteurs. Il s’agit, avec cette collection, d’initier des lecteurs très jeunes à la philosophie, non de façon abstraite et conceptuelle, mais au travers un récit et par le jeu de l’illustration tout en respectant le sérieux du philosophe et de la philosophie, l’essentiel d’une pensée. Et je lui ai proposé un "Pascal".
Claude-Henri Rocquet
À qui s’adresse Pascal quand il écrit les Pensées ? Au libertin. Et si Don Juan – celui de Molière, par exemple, en est la figure même, c’est à lui que s’adresse Pascal. J’avais depuis longtemps à l’esprit cette rencontre imaginaire. Il ne s’agissait plus que de l’imaginer et de l’écrire ; en veillant à être intelligible pour un lecteur de neuf ans. Le nœud du dialogue serait « le pari », puis viendrait « l’infini », « les deux infinis »…
Extrait
« Tout en parlant, il avait raccompagné son visiteur et lui avait ouvert la porte. Ils se tenaient sur le seuil. Le cheval s’ébrouait dans l’ombre. On entendait au loin rouler une charrette et l’on voyait paraître et disparaître au long des haies la lueur jaune de sa lanterne comme lorsque la lune semble courir entre les monts et les collines sombres des nuages. Le ciel était noir et plein d’étoiles. Contient-il des myriades de mondes et de planètes pareils à la terre où, quelque part, un autre Don Juan s’entretient avec un autre Pascal ? Et d’autres ciels, d’autres mondes, à l’instant même, naissent-ils comme naîtraient des champs chargés chaque saison d’épis nouveaux et qui seront riches de nouvelles moissons qui seront à leur tour porteuses d’épis et de semence ? Un jour, un soir, viendra la dernière récolte. »
Visite d’un jeune libertin à Blaise Pascal, Claude-Henri Rocquet, illustrations de Sylvestre Bouquet, Les petits Platons, septembre 2011, 13,50 €.