Pourquoi j’ai écrit ce livre
Le Théâtre du Nord-Ouest consacrait une saison à des œuvres inspirées par la figure de Jeanne. J’avais découvert la pièce de Maeterlinck, peu connue, et qu’il avait écrite à New York au début des années 40. De ce texte qu’on verrait plutôt porté à l’écran que représenté sur une scène, j’ai tiré une adaptation à quatre personnages. En même temps, je relisais Michelet, Péguy et Claudel, Malraux… Ce regard sur l’ « image » de Jeanne d’Arc est sans doute à l’origine de Jeanne face aux bourreaux. Mais je voulais au-delà de l’image, au-delà du personnage de Jeanne, m’approcher de sa personne, de son mystère.
En résumé
Le cœur de cet essai est dans le Procès de Jeanne. Si quelqu’un s’avisait de « réhabiliter » les juges de Jeanne, s’il tentait d’admettre un instant les « raisons » qui les ont égarés, il resterait au moins ceci : ils n’ont pas eu pitié. Ces juges, qui jugeaient au nom d’un Dieu de miséricorde, au nom du Christ crucifié, n’ont pas eu pitié d’elle. Or la pitié n’est pas le contrepoids de la justice, elle lui est essentielle.
Entendre Jeanne, et voir les faces de ses bourreaux.
Extrait
« Voir les bourreaux et les juges de Jeanne comme des possédés me semble plus important et plus judicieux que de s’interroger si les Voix qu’entendit Jeanne étaient ou non surnaturelles.
Tout ce qui se joue entre Jeanne et ses juges peut se lire dans l’éclairage politique, humain, seulement humain ; et tout peut se lire et se représenter dans une lumière surnaturelle, se comprendre comme l’affrontement de la lumière et des ténèbres. Ce qui me porte à voir à travers le drame politique un drame spirituel, ce sont par-dessus tout les réponses de Jeanne, et sa droiture évangélique, devant les pièges de l’ennemi – de l’Ennemi. Devant ces possédés, et si bien possédés qu’ils ne soupçonnent pas qu’ils le sont, croyant agir pour le bien et selon l’Église ; devant ce tribunal démoniaque, ces ouvriers consciencieux du démon, Jeanne est une inspirée. Elle accomplit, sans peut-être même la connaître, elle incarne cette parole, cette prophétie : ‘Quand vous serez traduits devant les tribunaux, ne vous inquiétez pas de ce que vous répondrez : l’Esprit saint répondra pour vous.’ »
Jeanne face aux bourreaux, Claude-Henri Rocquet, Cahiers Bleus, 118 pages, octobre 2014. www.les-cahiers-bleus.com/ 16 euros sur papier (port payé), 4 euros version numérique.
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