Pourquoi j’ai écrit ce livre :
Je viens de publier un livre intitulé Heureux les enseignants !, après avoir publié, il y a un peu plus de dix ans, Enseigner avec bonheur. Lier ainsi l’idée de bonheur à l’exercice du métier d’enseignant peut paraitre un peu naïf, voir un brin provocant dans le contexte où nous vivons. Les media parlent régulièrement de l’échec de l’Ecole, et les enseignants français sont censés être penauds devant les résultats des enquêtes internationales PISA dans lesquelles la France se classe de manière décevante. Il est vrai que le métier s’exerce souvent dans des conditions difficiles et que la frustration ou la fatigue peuvent parfois l’emporter sur le goût du bonheur.
Et pourtant, nos enfants ont le droit d’avoir devant eux des adultes heureux de venir vers eux et de les retrouver chaque jour, souriants, bienveillants, et exigeants parce qu’ils les croient capables du meilleur. Le secret de la réussite des élèves, n’est-ce pas d’abord un enseignant-qui-y croit ?
Pour entretenir cette flamme intérieure, les enseignants et les éducateurs ont besoin de se ressourcer. L’expérience de nombreux groupes d’échanges avec des enseignants et des éducateurs m’a convaincue de l’importance de s’arrêter par moments pour prendre du recul et réfléchir à ce qu’on engage dans sa pratique quotidienne ; le partage avec d’autres et la lecture de textes porteurs nous aident à donner du sens à ce que nous vivons et à renouveler les convictions qui nous habitent.
Pour donner et redonner sans cesse du sens à notre métier d’enseignant, à notre mission d’éducateurs ou de parents, il nous faut remonter à la Source qui nous fait vire et porter un regard d’espérance sur les jeunes générations. Nous avons besoin d’une spiritualité de l’éducation.
Extrait :
(Où puiser la force : )
… La vraie force n’est pas une toute-puissance. Elle assume au contraire ses limites et ses fragilités, et fait face courageusement aux obstacles. Le fort authentique trouve dans sa faiblesse les ressources pour faire face et ne pas sombrer. Il ne nie pas ses faiblesses : il en fait un creuset où se forge sa volonté.
Une jeune femme professeur, qui vit de grandes épreuves dans sa vie personnelle et familiale, dit trouver sa force dans ses relations avec ses élèves. Elle s’exerce à rester ferme mais ouverte, à ne pas s’arcbouter sur ses positions, à se reconnaitre parfois vulnérable et à lâcher du lest. Il arrive qu’un cours que l’on a, malgré soi, moins bien préparé que d’autres se passe très bien. On s’est rendu plus disponible à la qualité des relations. Il y a aussi une force dans le lâcher-prise.
On peut même dire que la « force » suppose la vulnérabilité. Ne pas reconnaitre sa vulnérabilité, c’est être « fanfaron » ! La force s’exerce quand on doit dépasser ses peurs, affronter des résistances, se heurter à des pesanteurs ou à des lassitudes. On peut alors être courageux en réagissant à ce qui nous a touchés et risquerait de nous abattre.
Il faut le dire aux jeunes pour les aider à accepter leurs limites, passer du temps avec eux, se rendre attentifs, pour faire éclore, en particulier chez ceux qui sont découragés, des forces nouvelles auxquelles ils ne croyaient plus.
La manière d’exercer la « force » compte beaucoup. Pour un professeur, la façon dont il traite les plus faibles et les plus fragiles de ses élèves en dira plus que bien des discours. La force morale est contagieuse.
Éditions Salvator, 2018
Christiane Conturie a été professeur de lettres et effectue des missions de formation pédagogique, éducative et spirituelle dans le réseau des Centres Madeleine-Daniélou. Membre de la communauté apostolique Saint-François Xavier, elle co-anime un parcours de formation pour enseignants et éducateurs intitulé « Heureux les enseignants ». Elle est l’auteur du livre « Enseigner avec bonheur » (Éditions Parole et Silence).
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