Cet ouvrage poursuit, sur le roman romanesque, ma réflexion sur la quête de soi et de sa vérité intérieure. Je l’avais menée dans un essai biographique consacré à Etty Hillesum et, plus récemment dans un essai épistolaire sur le Désir, coécrit avec Joël Schmidt. Par ailleurs, depuis longtemps, je souhaitais écrire sur le thème de la disparition de personnes. Un jour, quelqu’un qui a construit sa vie, décide de se couper de son quotidien et de ses liens sociaux, et de partir sans laisser d’adresse. Pourquoi cette césure radicale ? Comment orchestrer sa fuite ? Comment recommencer une vie ailleurs, sous une autre identité ? A cet égard, j’ai pensé qu’un accident climatique pouvait fournir la possibilité d’un « redépart ». Mon héroïne est en pleine crise de la quarantaine, en voyage en Thaïlande, elle est victime du tsunami de 2004. Elle en réchappe de justesse. Mais l’idée de se faire passer pour morte lui traverse l’esprit. J’ai voulu raconter l’histoire de cette femme qui s’empare du hasard pour en faire un destin...
En résumé
Romane Bréjeance traverse une crise. Entre un mari qu’elle n’aime plus et une fille qu’elle ne parvient plus à comprendre, elle s’enlise. Lors d’un voyage professionnel en Thaïlande, elle réchappe miraculeusement au tsunami. La possibilité d’être une autre se présente brutalement à elle : une vie à réinventer. De l’Asie à l’Australie, au fil d’un périple riche de rencontres, elle tentera de se reconstruire. Mais quel est le sens d’une existence bâtie sur un leurre ?
Roman d’une fuite, roman sur le couple et l’effritement du désir, roman sur le renoncement et la difficulté à connaître ceux auprès desquels on vit… Cécilia Dutter nous invite à une traversée du miroir, une bouleversante quête de soi.
Extrait
« Pour la première fois, ce « qui suis-je », interrogation fondamentale poursuivie sans relâche, se transformait en une prière adressée à une entité plus grande que moi et pourtant logée au creux de moi. Romane Bréjeance était morte à elle-même. Je la laissais sur le bas-côté telle une vieille peau de serpent après la mue. Sous les écailles neuves d’Estelle Wrouters, je m’ouvrais à cet écho intérieur jusqu’alors ignoré. Les yeux ouverts, je rêvais. Devant moi, apparaissait une haute montagne. Je n’avais d’autre choix que de la gravir. Mais cette absence de choix ne s’apparentait pas à une contrainte. Au contraire, l’ascension procédait d’une liberté propre. En atteignant le sommet, j’atteindrai mon identité profonde. Je serai à la fois au centre et à l’extrême seuil de mon être : au-dedans et au-delà de moi-même. Sans le savoir, j’avais déjà parcouru une partie du chemin. Je devais encore épurer mon cœur, me délester de l’inutile et du vain, pour gagner plus vite les cimes. »
Lame de fond, Cécilia Dutter, éditions Albin Michel, mars 2012, 219 pages, 16 €.
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