Quand je l’ai visitée la première fois, l’église du XIVème siècle, entourée d’un doux cimetière abandonné, n’abritait que quelques oiseaux et nombre de toiles d’araignées. Le ciel perçait à travers les tuiles du toit. Pourtant, notre amie iranienne nous l’assurait : dans six mois, nous y exposerions nos céramiques. Nous ne demandions qu’à la croire. Le lieu, au bord du canal, loin de tout village, avait du charme. L’édifice, sobre, avait été édifié sur un ancien lieu de culte païen. Autrement dit, des générations avaient prié, espéré, rendu grâce, supplié et construit ce sanctuaire isolé.
Mon amie, artiste iranienne, n’était installée dans une maison du village que depuis deux années, mais déjà elle avait convaincu le maire et une poignée de femmes de créer une association pour transformer la chapelle désaffectée en lieu artistique.
Donner à voir du beau dans cette campagne éloignée des centres de culture. Elle y avait mis son cœur, son talent, sa conviction.
La première exposition avait pour thème : la grâce, en lien avec le mois de la poésie. Exilée d’Iran depuis des décennies, son œuvre mêlait savoir-faire et sobriété contemporaine avec une tradition persane millénaire : l’écriture de poèmes sur des bols. Une guirlande de pages en porcelaine portant des poèmes en écriture persane s’élevait jusqu’au toit. Cinq autres céramistes accompagnaient cette œuvre spirituelle.
C’était elle, l’étrangère, qui nous offrait l’hospitalité artistique.
Christine Ray