Quel culot quand même ce pape François ! au milieu d'un été brûlant de guerres, de morts, de soifs, d'incendies, le pape lui, veille. Il sait qu'il est au fond impuissant, comme nous tous. Comme Paolo dell Oglio (Qu'il repose en paix), il pourrait décider d'aller se porter en otage pour que les guerres cessent, ce serait un grand et puissant coup d'éclat, mais l'éclat, ça brille, ça fait le tour des réseaux mais ça ne dure pas. Alors il lui reste à "veiller", à être (Etty Hillesum, mon Faire consistera à être", à garder en lui, en nous, une flamme vive, veilleuse de l'humain en nous, ultime témoin que nous ne sommes pas que mal. D'ailleurs, il confie préférer «les artistes tragiques, parce que nous pourrions tous ressentir leurs œuvres comme les nôtres, comme l'expression de nos propres drames». Il veille et il nous propose même de prier pour nos dirigeants, comme on prierait pour sauver des damnés.
Il écrit donc une lettre, destinée aux futurs prêtres, mais aussi à «tout chrétien», qui rappelle la «valeur de la lecture de romans et de poèmes sur le chemin de la maturation personnelle». Il veut «réveiller l'amour de la lecture». La littérature peut «éduquer le cœur et l'esprit du pasteur» (nous sommes tous des bergers) et notamment la «reconnaissance fructueuse du pluralisme des langues humaines» et conduire à «une grande ouverture spirituelle».
Lisez cette Lettre, elle est une source fraîche au cœur du chaos.
Karima Berger