La journée du salon du livre spirituel qui s’est tenu le 1er mai, à l’abbaye de Fontaine-Guérard est passée. Je pourrai raconter comment elle s’est déroulée en commençant par cette méditation dans la tradition des chrétiens d’Orient, guidée par l’évêque Martin Laplaud. Ce frère du monastère orthodoxe de Saint-Michel du Var avait accepté de venir nous accompagner tout au long de la journée. Sa conférence sur deux figures de femmes : Marie de Nazareth et Myriam de Magdala, fut un grand moment de partage spirituel et nous avons compris combien l’humanité devait accoucher d’un être renouvelé. Par sa voix passionnée, les personnages saints étaient des repères dans notre monde bouleversé d’aujourd’hui. Je pourrai raconter les trois artistes qui exposaient, les œuvres en noir et blanc de Christine Ray que les hauts murs de pierres de l’abbaye mettaient si bien en valeur, les toiles finement colorées et abstraites de Gilles Merméjean, les icônes de Muriel Brebion dont tous les regards des saints représentés nous regardaient. Je pourrai raconter les écrivains qui exposaient en parlant de leurs enfants-livres, les conférences dédiées au féminin et à la spiritualité, les visiteurs nombreux en ce jour férié. Je pourrai raconter le détail des heures mais je resterai sans doute trop extérieure. Ce que j’aimerai vous transmettre de ce moment à l’abbaye est plus profond, il relève d’un chemin d’âme. Il est plus difficile à décrire car les mots aplatissent souvent ce qui est vécu dans la grâce de l’instant. Je prends le risque, je ne veux pas vous laisser sur le trottoir d’en face ! Alors je vous dirai ce que mon cœur a vécu et gardera quand je serai bien vieille le soir à la chandelle, comme le dit le poète Ronsard. Ce que mes yeux ont vu dans ce lieu si beau et si paisible c’est un moine, Monseigneur Martin, qui dans sa tenue noire sur laquelle se détache une croix de bois ouvragée prie alors qu’il nous parle ou nous écoute. Il sourit et il ouvre ses bras. Si les gestes trahissent la personne, ceux du moine sont aériens comme ceux des danseurs. En le voyant j’ai pensé que le corps cherche à s’envoler quand les mots sont fervents ! Mon cœur est également nourri des visages ouverts et souriants des visiteurs présents, enthousiastes de tout ce qui leur était proposé, heureux de partager un instant fraternel. J’ai eu l’impression qu’ils posaient les bagages de leurs soucis du monde. De même, j’ai senti que le temps nous laissait en paix, il avait suspendu sa course, nous avait oublié. Il ne revint que le soir à l’heure de nous quitter en ignorant que, sans lui, nous avions vécu un moment d’éternité. Sans doute tout ceci relève-t-il de l’exceptionnel que l’on ne peut expliquer. Sauf à penser que nous étions pris dans la lumière qui passait à travers les nouveaux vitraux et nous éclaboussait de jaune et de vert tendre ! Peut-être étais-ce l’alignement des astres, l’accueil si réussi…ce fut si simple de vivre en amitié pendant toute cette journée. Un moment à faire rougir le ciel comme si le paradis était sur la terre. Promis, à l’année prochaine, le 1er mai 2025.
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