Je suis sorti impressionné de la lecture de La peau dévoilée, ouvrage écrit en 2017 par Sylvie Monpoint, complété en 2021 par La peau de sagesse. Sylvie Monpoint est membre du conseil d’administration d’Ecritures & Spiritualités. Médecin dermatologue, elle s’intéresse par ailleurs depuis une dizaine d’années à toutes les voies spirituelles en prêtant attention au langage symbolique.
Impressionné par la dimension spirituelle que la peau a toujours incarnée dans l’histoire de la psyché humaine, que ce soit comme union au cosmos, marque de l’alliance, genèse du vêtement, symbole du toucher, lieu de la rencontre avec l’autre, pour ne citer que quelques aspects.
Impressionné par l’ampleur des références citées, qui balaient toutes les religions, anciennes comme contemporaines, de tous les continents, et la maîtrise avec laquelle l’auteure puise dans chacune des traditions pour illustrer les multiples facettes spirituelles de cet organe, dont elle nous rappelle combien elle est oubliée et pourtant présente et essentielle, en raison des rôles divers qu’elle joue : barrière, enveloppe, frontière, interface, dotée du sens du toucher dans toutes ces acceptions.
Impressionné également par son souci scrupuleux de présenter avec grande objectivité les grandes traditions religieuses en nous faisant découvrir combien la peau y est présente, de l’Egypte ancienne aux religions à mystères, jusqu’aux religions monothéistes en passant par les sagesses orientales.
Impressionné enfin par son écriture qui sait se faire poésie, caresse, effleurement tout en décryptant dans le pli de nos rides, avec le scalpel de son crayon, le chemin de lumière qui nous permet de découvrir le Tout Autre dans le visage d’autrui.
Non moins surprenantes, ces inscriptions qui s’encrent sur la peau, la marquent, et enlacent dans d’étranges arabesques écritures et spiritualités. La peau de sagesse nous confronte aux mythes et contes populaires en rapport avec la peau. Car le mythe, comme la peau, a deux faces, celle qui parle au-dehors et celle qui parle au-dedans.
En fait, Sylvie Monpoint n’écrit rien moins qu’une histoire de l’humanité à travers les innombrables fonctions, dimensions, usages, lectures que les femmes et les hommes de tous temps ont fait de la peau, cette peau qui nous sert à enlacer, toucher, étreindre, embrasser et qui nous promet une illumination et une transfiguration.
Deux livres étonnants.