Les lectures de ... Patrice Obert

16 juillet 2023
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Le dernier été est une nouvelle de Bernhard Schlink, paru dans le recueil sorti en 2010 intitulé Mensonges d’été (Gallimard)

Comme dans presque toutes les nouvelles de ce recueil (chacune fait environ 50 pages), le héros est un intellectuel ayant passé sa vie entre l’Allemagne et les Etats-Unis ( ici New-York). Bientôt à la retraite, il s’interroge sur le bonheur en repensant à toutes les femmes qu’il a aimées et à la famille qu’il a fondée, sa femme, ses deux enfants et leurs petits-enfants. Le lecteur se sent conduit à réfléchir lui aussi au bonheur, du moins à l’idée que « tous les ingrédients du bonheur » peuvent être rassemblés sans que le bonheur lui-même soit présent. « Puis il pensa qu’il ne fallait pas prendre négativement l’idée que son bonheur avait été trompeur, il fallait la prendre positivement ».

Voici qu’il a réuni toute sa famille pour un dernier été, un « dernier bonheur en commun ». Souffrant d’une maladie grave de plus en plus douloureuse, il envisage d’avaler le moment venu un « cocktail » qu’un ami lui a préparé, afin de partir en douceur dans une mort « indolore et paisible » pour lui et les autres. L’été se déroule calmement. Certes, sa hanche lui fait de plus en plus mal. Mais il goûte comme jamais les journées, il se met à être attentif aux jeux des petits-enfants, se lance dans la préparation de crêpes, lui qui ne cuisinait jamais, sourit avec nostalgie en découvrant le manège amoureux de David et Meike, visite l’atelier d’un peintre voisin avec la petite Ariane ; entend tailler la haie ; il se fait tendre avec son épouse, au point que celle-ci s’interroge et l’interroge sur ce comportement nouveau, cette délicatesse inattendue. B Schlink excelle à nous glisser dans les conversations intimes entre deux êtres, un père et son fils, deux amants, ici ce vieux couple qui s’était installé dans une certaine distance. La femme, intriguée, suspicieuse, refuse, hésite puis accepte de rentrer dans cette complicité proposée. C’est elle qui découvre la fiole du cocktail, comprend et met Thomas Wellmer face à son mensonge, à cette tromperie, sa volonté de partir comme si de rien n’était, sans faire ses adieux. Je vous laisse découvrir la suite, dans sa violence et son humanité. Un bel hymne à la vie, une magnifique illustration de la littérature comme combat silencieux sur l’essentiel.

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