J.M.G Le CLezio - Identité Nomade

16 février 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Robert Laffont, décembre 2023

La littérature, un engagement de tous les continents

Le prix Nobel de littérature J.M.G Le Clezio fait preuve une fois de plus de son immense générosité littéraire. Dans son dernier ouvrage, « identité nomade », il s’adresse à chaque lecteur, dans une écriture aussi simple que précise, et dévoile une intimité qui ouvre à l’universel. Comment est-il devenu l’immense écrivain proche des plus fragiles, des vivants malgré l’abandon de tous, comme dans son précédant recueil de contes « Avers » ? Que peut la littérature si elle ne concerne « toute l’humanité quels que soient le sexe, l’origine, la religion, la couleur de peau de ceux qui l’inventent » ou la lisent ?

A l’origine, confie l’écrivain, il y a un enfant sous les bombes, dans le dénuement de la guerre à Nice, l’épreuve de la faim et de la peur, avec sa mère et son frère. Puis, la famille enfin réunie auprès du père médecin au Nigéria, l’enfant découvre à 10 ans la lumière et l’abondance de l’Afrique, et un autre rapport au monde. Ses parents Mauriciens, de nationalités française et britannique, liés au continent africain par des ancêtres installés à l’ile Maurice ne valident jamais le point de vue colonial. Il en reçoit le goût du déplacement, de la justice et de la liberté.

« Si la littérature a une utilité, ce n’est rien d’autre que changer le regard que l’on a sur le monde, pour nous inciter à voir ce que nous ignorons, ce que parfois nous dédaignons. »

Face aux horreurs de notre temps, racisme, destructions massives, guerres fratricides,

 si elle est seulement un recueil de bons sentiments, elle est vaine. La littérature est un agir.

L’écrivain est un témoin, héritier d’autres écrivains qui ont tenté une voie de vérité.

Avec Shakespeare, l’auteur a fait du vers de Hamlet sa devise :

« Envers toi-même tu dois être vrai

Et de même que la nuit succède au jour

Tu ne dois jamais être faux envers qui que ce soit ».

Si ce petit livre de confidence donnait seulement envie de lire ou relire les auteurs de tous les continents, et en particulier les Africaines et Africains engagés, qui ont nourri le Clezio, il aurait déjà sa place dans nos cœurs et nos bibliothèques.  La liste est impressionnante, il faut lire avec un crayon et entendre les souffles venus d’ailleurs, dans l’espoir d’apprendre « l’art tout simple de vivre ensemble comme des frères et sœurs », selon le vœu de Martin Luther King.

Merci JMG Le Clezio de nous offrir cette littérature-monde. Et de nous rappeler avec Lautréamont que « la poésie ne peut être écrite par un, mais par tous. »

Christine Ray

usersmagnifiercrossmenuchevron-down linkedin facebook pinterest youtube rss twitter instagram facebook-blank rss-blank linkedin-blank pinterest youtube twitter instagram