Fontaine de Clairvent, Bernard Grasset, peintures d’Isaure, éditions Au Salvart.

5 mai 2024
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Lectures de Pierre Tanguy (mars 2024)

Bernard Grasset a plus d’une corde à son arc. Poète, philosophe, traducteur, il nous propose aujourd’hui 74 « quatrains de saisons » rédigés entre 2021 et 2023 en différents endroits de l’hexagone mais aussi en Irlande, avec un petit penchant pour des terroirs qui lui sont chers : le pays nantais et la Bretagne sud.

Fin connaisseur du grec et de l’hébreu, Bernard Grasset peut nous amener, dans ses livres, à découvrir aussi bien l’œuvre de Yorgos Thémélis que celle de la poétesse Rachel. Mais cette fois, en abordant le quatrain, il nous conduit vers d’autres horizons littéraires, sans doute plus en prise avec l’Orient ou l’Extrême-Orient. Comment en effet, quand on parle de quatrains, ne pas penser à ceux du Perse Omar Khayyam ou à ceux, tout récents, de François Cheng (Enfin le royaume, Poésie/Gallimard, 2023).

Les quatrains de Bernard Grasset nous ramènent aussi aux principes de base du haïku, tels que les définissait le japonais Bashô, père fondateur de ce genre littéraire : « Dire ce qui arrive, à un moment donné, à un endroit donné ». C’est bien le cas ici puisque tous les quatrains de l’auteur sont datés avec précision (le jour de la semaine, la date) et toujours localisés. Ainsi ce vendredi 24 décembre à Saint-Gildas-de-Rhuys : « Les vagues de siècle en siècle / Heurtent sans fin la falaise, / Une croix, sacre des saisons, / Tu dis, tais l’énigme du vent ». Ainsi, aussi, ce mardi 10 janvier 2023 à Nantes : « Loire, ô grise et calme, / Source lointaine, vagues prochaines, / Mélodie d’un autre âge / Où les yeux aimaient la lumière ».

Comme pour le haïku, il s’agit « d’une écriture de la brièveté, écriture qui se rapproche du silence », ainsi que l’affirme lui-même Bernard Grasset, avec le sentiment qu’il a de poser son écritoire dans la nature comme le ferait un peintre avec son chevalet. « Les mots s’allient à la vie », note l’auteur en quête de « splendeurs oubliées » ou de « mélodies murmurant au secret de nos existences ». On ne doit donc pas s’étonner qu’il ait pu être aimanté par des lieux aussi emblématiques que Vézelay, Lérins, La Grande Chartreuse, le Mont Beuvray ou Locmariaquer, sans oublier une escale en Irlande, comme ce samedi 7 mai 2022 du côté de Killarney : « Épée brisée, arbre de paix, / Soleil sur les tombes, arpèges, / Et tu longes le lac, murmure / Scintillant, signet d’aventure ».

Dans un style presque télégraphique, Bernard Grasset (né en 1958), se fait le greffier des jours et de lieux arpentés avec ferveur, à un moment où, avoue-t-il, son « chemin en poésie aperçoit son terme ».

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