Pourquoi j’ai écrit ce livre ?
C’est un secret contenu dans un verset coranique, un de ces versets qui disent la loi, les règles…, les codes d’une religion. Au cœur de ce verset, une perle : « Les femmes sont les gardiennes du secret de ce que Dieu garde secret », (4/34). Ce fut pour moi, une formulation extra-ordinaire. Les femmes ou plutôt le féminin recouvre un univers qui ne se révèle pas dans le monde des apparences, il se révèle et brille au cœur de la pénombre, qui seule peut laisser jaillir la lumière. Ce verset console de toutes les méprises sur les femmes « soumises » et de toutes les offenses faites au sexe féminin, en islam et dans les cultures monothéistes. N'oublions jamais que les Ecritures ont été lues et commentées par des hommes, soucieux de perpétuer leur pouvoir. Ce Verset m’a fait retrouver tout ce bruissement du féminin, parole, pensée, intelligence de ces femmes (les célèbres et les inconnues) et dignité. Comment imaginer que les femmes n’aient pas leur part dans le dessein divin sinon comme des silhouettes muettes et soumises ?
Extraits
« C’est la nuit que Schéhérazade illumine de ses récits l’esprit crépusculaire du roi. Avec sa parole, elle m’a secourue, moi et mes sœurs. Alors je bois. Des gouttes comme des perles à peine formées, de la nacre encore tendre sous ma langue qui me désaltère et me fait oublier l’Histoire.
Chaque nuit elle entreprend une nouvelle lutte, toujours la même : sauver ses sœurs de la mort promise, elle bataille avec les mots qu’elle emboite les uns dans les autres pour sculpter la forme future d’une civilisation. Peut-être à mon tour, si je bataille bien, peut-être féconderais-je mon vœu : un regard de lumière sur notre nuit.
C’est la nuit que Schéhérazade raconte, dans l’empire du secret, ce royaume de l’Esprit. Elle invente, elle crée… pendant que les théologiens et exégètes, bâtissent dans un jour aveuglant l’empire des lois féminicides. Shéhérazade ne sauve pas sa tête, elle sauve la parole, elle en est la gardienne. Contre l’Histoire, elle choisit le récit, l’invention, le rêve, la poésie. … Shéhérazade est notre sainte à nous, peu importe que le conte soit « vrai », la sainteté ne connait pas le temps humain, elle est une connaissance qui illumine, enseigne et fait advenir l’évènement spirituel pour chacun, non pas le même pour tous, mais celui, singulier qui va électriser nos intelligences – et la mienne avec. »
Edition Albin Michel. Avril 2022
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