Pourquoi j’ai écrit ce livre
"Ce roman, je l’ai d’abord écrit pour elle, la jeune morte. In memoriam. Il aurait pu s’intituler Tombeau pour B. Quelque temps après sa disparition, j’ai tenu entre les mains les fragments d’une correspondance avec un prêtre de mes amis venu prêcher une récollection dans son lycée. A la fin de son année de terminale, c’est à lui qu’elle choisit de confier sa révolte et sa détresse. De cette correspondance aujourd’hui détruite, j’ai pu conserver l’une ou l’autre carte postale reproduisant les oeuvres d’art qu’elle choisissait comme support à ses lettres. L’art était sa référence et son refuge. C’est d’elles que cette fiction est née.
Tout y est vrai et tout est réinventé : les lettres, les courriels, Bérénice elle-même et les siens, et puis celui à qui j’ai laissé la conduite de ce récit et qu’elle appelle Father Kenelm. Parce que, ce roman, je l’ai aussi écrit pour lui, le narrateur, jeune religieux ‘rescapé’ du scandale pédophile irlandais où il n’a eu aucune part. Homme d’une sensibilité extrême, qui ne saurait manquer d’être touché par Bérénice, il est aussi l’homme de la fidélité. Il sait que «nos choix nous constituent et (que) la fidélité nous construit»."
Roger Bichelberger
Bérénice a 17 ans quand elle rencontre dans son lycée le père Kenelm, jeune religieux irlandais. Elle qui n'a jamais existé pour ses parents, qui a été abusée quand elle était enfant, croit trouver en Kenelm celui qui pourra la comprendre, l'aider et l'aimer. Elle lui écrit, lui rend visite, le provoque, le poursuit d'un amour ambigu auquel il ne sait répondre et qui, parfois, le trouble. Quand il s'aperçoit de la conduite erratique et désespérée de Bérénice, il est trop tard...
« Il y a du Bernanos dans ce roman qui met face à face deux êtres traversés d’élans de lumière. L’auteur explore cette rencontre incertaine et douloureuse sur la crête qui sépare l’abîme de l’absolu, explique Geneviève de Simone-Cornet, critique à L’Echo Magazine (Genève). Bérénice ou quand la chair côtoie le souffle, quand l’humain traversé par la grâce – furtive, indélébile – se fait transparence. Car le souffle, quand il passe, c’est par les failles, les doutes, les peurs et le vertige de se voir entraîné malgré soi. Par les incertitudes du corps et les hésitations de l’âme. »
Extrait
« Father ken j’aurais encore eu tant de choses à vous dire je voudrais que vous m’écoutiez très fort aujourd’hui parfois j’ai eu l’impression que vous ne m’avez pas comprise ou que vous aviez peur de moi cela m’a fait très mal mais il y avait tant de confiance entre nous et tant de Joie de cette Joie qui entraîne plus haut que le bonheur je vous demande d’aimer les autres comme vous m’avez aimée je vous le demande de tout mon cœur pour toutes les souffrances auxquelles nous ne pouvons rien merci, father Ken je suis très heureuse Bérénice »Bérénice, Roger Bichelberger, Albin Michel, novembre 2012, 176 p., 15 €.
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