Pourquoi j’ai écrit ce livre ?
Il y a toujours au fond de nous « ces raisons-là qui font que nos raisons sont vaines » selon Jean-Jacques Goldmann. Cependant, au moins quatre motivations m’apparaissent : les questionnements souvent entendus de la part des personnes (enseignants, patrons, militants associatifs) que je rencontre au fil de mes formations. Leur point commun ? Un attachement viscéral à la liberté et en même temps le sentiment de « n’avoir pas le choix », d’être coincé dans une somme de contraintes propres à les tenir dans l’impuissance. Deuxièmement, la misère de la liberté, dans les faits. La liberté pour s’exercer, requiert un apprentissage. Contrairement aux apparences, elle ne relève pas de la « chute libre », ni de la « roue libre ». Etre libre est un art qui s’acquiert peu à peu et conduit à la joie. Ensuite, si la liberté se structure par la conscience morale, celle-ci nécessite un éclairage. L’Eglise le rappelle souvent. Mais comment éclairer sa conscience ? Comment faire des choix qui manifestent une liberté réelle tout en lui donnant consistance ? Enfin, le message du Christ est tout entier orienté vers un appel à se laisser libérer de ces « liens qui nous retiennent captifs ». Vivre libre, c’est prendre le risque d’être « je », ni plus, ni moins.
Programmés, conditionnés, manipulés, formatés…n’est-ce pas ainsi que nous nous éprouvons souvent, comme n’ayant guère le choix ?Au fond, sommes-nous réellement libres ? En se fondant sur ce que l’anthropologie permet de connaître, le livre de Marie-Christine Bernard répond par l’affirmative. Il parle de la liberté comme caractéristique de la personne humaine, ainsi que de la conscience morale qui la structure, et du nécessaire éclairage de celle-ci pour que la liberté soit effective. Ce faisant, il situe l’apport de la spiritualité chrétienne par rapport au sens donné à la liberté et à la place de la foi dans le processus de discernement. Truffé d’exemples concrets, il permet de retrouver les bases claires pour une liberté en actes.
Extrait
« La mise en évidence du fait de la liberté, à savoir que l’être humain ne s’oriente pas en suivant tout bonnement ses pulsions comme le font les autres espèces animales, ni sous une quelconque pression externe sans avoir à décider de son rapport avec elle, oblige à se poser la question, sinon du pourquoi, du moins celles du quoi et du vers où de la liberté : qu’est-ce qui nous oriente dans la vie et vers quel horizon ?
(…) La spiritualité n’est pas, un bloc de certitudes, ni d’abord un discours, ou une identification à quelque institution, aussi nécessaire soit cette dernière par ailleurs, ni une militance pour ou contre ce qu’il est convenu d’appeler « de la religion ». La spiritualité est saisie ici comme une manière de conduire sa vie, l’art de la liberté pratiqué en ouverture éveillée à Dieu, le tout-Autre. C’est pourquoi considérer le rapport que peut entretenir l’exercice de la liberté, l’art de faire des choix, de bons choix, avec l’orientation spirituelle, se révèle être incontournable. Or, la spiritualité, c’est comme le langage : elle n’existe pas sans une grammaire et un vocabulaire, c’est-à-dire de la représentation du monde, qui la rend praticable. »
La liberté en actes ou comment éclairer sa conscience, Marie-Christine Bernard, Desclée de Brouwer, mai 2012, 128 p., 21 €.
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