Les lectures de ... Patrice Obert."Les lumières à l’âge du Vivant", Corine Pelluchon

4 août 2021
|

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Corinne Pelluchon est philosophe, professeure à l'université Paris-Est Gustave Eiffel, spécialiste de philosophie politique et d'éthique normative et appliquée. Patrice Obert nous propose une recension de son dernier ouvrage "Les lumières à l’âge du Vivant" paru aux éditions Seuil en 2021 :

Corine Pelluchon s’attaque à une question essentielle. Pourquoi nos sociétés sont dans l’état que nous connaissons ? Comment s’en sortir ? Autrement dit, pourquoi le Progrès, qui s’appuyait sur les Lumières, s’est inversé en régression ? Et du coup, elle aborde une question clé : faut-il revenir sur les Lumières car elles auraient échoué, ou faut-il aller plus loin, les apurer, en quelque sorte, et de quelle manière ? Sa thèse est que les Lumières ses sont perverties dans une éthique de la Domination mais qu’il est encore temps de retrouver leur cœur en changeant notre imaginaire collectif, en s’appuyant sur elles, pour aller vers une éthique de la Considération qui permettra la transition écologique.

Les Lumières, dit-elle, se caractérisent par l’affirmation de l’autonomie de la raison et par la résolution des individus à prendre en main leur destin.  Qu’est ce qui a provoqué, dans la civilisation occidentale, cette inversion du rationalisme en irrationalité ? Une double amputation : d’une part, cette civilisation s’est coupée de la nature, ce qui a provoqué un cycle d’asservissement des autres, humains et non-humains, et une répression par le sujet de sa vie émotionnelle et de ses instincts ; d’autre part, la modernité a érigé la conscience individuelle en norme du vrai et la raison a perdu peu à peu tout rapport avec l’universel. Le vrai a été assimilé à l’utile, à l’efficace.

Retrouver la force des Lumières à l’âge du vivant, c’est vouloir prendre en compte l’unité du monde et la diversité des êtres et des cultures. C’est changer d’imaginaire et faire évoluer nos représentations, nos évaluations, nos émotions pour aboutir à une éthique de la considération. Cela demandera du temps. Cette transformation s’effectue d’abord dans le silence des consciences et se généralisera peu à peu. Elle nous acheminera vers une vie bonne par un passage radical et non-violent, progressif et diffus dans lequel l’Europe peut trouver une perspective, un chemin et un sens.

Plus que jamais les Lumières à l’âge du vivant doivent nous éclairer.

La conclusion du livre en offre une magnifique synthèse.

Patrice Obert

usersmagnifiercrossmenuchevron-down linkedin facebook pinterest youtube rss twitter instagram facebook-blank rss-blank linkedin-blank pinterest youtube twitter instagram