Les lectures de... Isaline Dutru. Vivre avec nos morts, de Delphine Horvilleur.

8 décembre 2021
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Vivre avec nos morts - Delphine Horvilleur – éditions Grasset – 2021

« Les juifs affirment qu’ils ne savent pas ce qu’il y a après notre mort. Mais ils pourraient le formuler autrement : après notre mort, il y a ce que nous ne savons pas. Il y a ce qui ne nous a pas encore été révélé, ce que d’autres en feront, en diront et raconteront mieux que nous, parce que nous avons été ».

Vivre avec nos morts est un essai splendide et gourmand de vie que signe Delphine Horvilleur, femme rabbin. En théologienne, en philosophe, en conteuse, elle sait entendre tout ce que l’entourage d’un défunt dit de lui et avec l’intuition de celle qui écoute profondément, elle donne accès à la part mystérieuse d’une vie, invisible aux yeux des proches, « ce qui n’a pas encore été révélé ». Sa parole fait entendre autrement celui qui n’est plus, avec en filigrane, le texte sacré qui fait résonner une note toujours singulière pour cette existence unique qui a été. En surplomb surgit la joie, une joie un peu surnaturelle, en dehors des circonstances.

La réussite de cet essai tient au fait qu’au-delà de la tristesse liée au sujet de la mort, la pensée de Delphine Horvilleur continue d’inspirer son écriture portée par cet humour… sans limite ! Car c’est bien l’humour qui traverse les mots de l’auteure, cet humour juif qui sait tirer la langue face à la mort et qui tente d’apprivoiser l’absurde de nos vies. Onze médaillons, onze histoires courtes, forment la structure de ce Petit traité de consolation, sous-titre de cet essai, où les paradoxes de la mort et de la vie sont sans cesse dévoilés avec des rebondissements inattendus.

            « Où vont les morts ? Le seul lieu auquel la Thora fait explicitement référence est un endroit nommé « shéol » où descendraient les disparus ». Delphine Horvilleur en questionnant l’étymologie du mot shéol note qu’il vient d’une racine qui signifie littéralement « la question. « On pourrait donc l’énoncer ainsi : après notre mort, chacun de nous tombe dans la question, et laisse les autres sans réponse ».

« Débrouillez-vous avec cela », nous dit madame le rabbin. La lecture de cet ouvrage est un premier pas pour questionner autrement notre rapport à la vie.

Isaline Dutru

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