Pourquoi j’ai écrit ce livre :
Dans un ouvrage précédent « Quête de soi, quête de Dieu ? », je m’étonnais que la proposition chrétienne paraisse si peu attractive sur le « marché » des propositions spirituelles.
Bien des personnes venues faire une thérapie dans mon cabinet se tournaient plutôt vers la méditation et les sagesses orientales. Dans la religion chrétienne - qui est pourtant celle de l’incarnation - il semble que le corps, traditionnellement associé au féminin, ait été relégué au second plan. Longtemps dévalorisé au profit de l’esprit (la conscience raisonnante), traditionnellement associée au masculin.
La nécessité qui se manifeste aujourd’hui de s’ancrer dans le corps, dans la nature, par des biais aussi divers que la méditation, le yoga, l’engagement écologique, ou le chamanisme, est symptomatique d’un désir collectif inconscient de revaloriser les valeurs du féminin.
Ayant envie de retourner aux origines pour tenter de comprendre d’où venait cette méfiance fondamentale à l’égard du féminin, je suis retournée au livre de la Genèse. J’ai été saisie par la manière dont il révèle et récapitule les étapes et les difficultés de l’éveil de la conscience et du processus d’individuation chez l’être humain.
C’est l’actualité de ce texte fondateur que j’ai tenté d’expliciter en l’illustrant par des histoires d’hommes et de femmes d’aujourd’hui, issues de ma pratique de psychothérapeute jungienne.
Extrait :
Que se passe-t-il au sein de ce face à face et quelle en est la finalité ?
En électricité, l’énergie provient de la tension entre deux pôles opposés. Cette relation entre deux pôles différents qui crée de l’énergie peut symboliser le mode de fonctionnement de l’humanité. Cette énergie fait de nous des vivants. C’est cette tension qui nous fait évoluer, qui nous oblige à nous humaniser.
En général, le masculin est l’un et le féminin l’autre.
Mais parler de cette polarité implique d’évoquer trois niveaux d’altérité qu’on a parfois du mal à distinguer :
- Premier niveau : celui du corps. Au plan biologique, la femme est l’autre de l’homme.
- Deuxième niveau : celui de l’âme. Le féminin symbolise les profondeurs de l’être humain, qu’il soit homme ou femme. Son intériorité, sa psyché. L’esprit rationnel étant considéré comme masculin.
- Troisième niveau : celui de l’Esprit. Au plan spirituel, l’être humain - et avec lui l’humanité entière - est conçu comme féminin, car il est l’autre de Dieu.
Quel est donc le sens symbolique du face à face entre masculin et féminin ?
Peut-être devrions-nous commencer par réaliser que la survalorisation du masculin règne dans nos sociétés occidentales, mais sans tomber pour autant dans l’excès inverse...
Éditions Médiaspaul, parution Février 2018
Julie Saint Bris est psychanalyste jungienne. Elle a également longtemps travaillé en banlieue avec des éducateurs de rue et collaboré à l’association Bethesda-Evangélisation des profondeurs de Simone Pacot.
Elle est l’auteur de « Quête de soi, quête de Dieu ? » paru aux Presses de la Renaissance en 2009.
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