Guillaume de Fonclare - Ce nom qu’à Dieu ils donnent

9 janvier 2019
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  Guillaume de Fonclare : Prix Écritures et Spiritualités 2016 pour Joë Editions Stock

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Pourquoi j’ai écrit ce livre :

A la suite d’une série de malaises, j’ai cru toucher à la limite entre la vie et la mort. Dès lors, je n’ai eu de cesse de m’interroger sur la notion de destin, en questionnant les hasards et les coïncidences heureuses de mon existence, et pour y trouver un sens. Afin d’approfondir ces questions, j’ai souhaité me retirer du monde pendant deux mois et rechercher Dieu par tous les moyens, y compris par la pratique active de la méditation.

Dans cette nécessité d’écrire, il ne s’agissait pas de faire le relevé exhaustif et austère de ce que la science et la théologie diraient de la transcendance, il s’agissait d’en dire ce qui est utile à la rédaction d’un texte écrit dans la volonté de faire de la littérature. Par ailleurs, dans ce désir de solitude, il ne s’agissait pas non plus de demeurer complètement immobile, et je n’ai pas hésité pas à me confronter à la toutes les formes de religiosité. J’ai souhaité y expérimenter de façon tangible la question du divin, en me mettant dans une situation singulière loin de chez moi, immergé à la fois au milieu des livres et d’étrangers, dans un endroit suffisamment austère et beau pour que je m’y sente bousculé et en harmonie avec le monde.

C’était aussi faire le pari que, livré à moi-même, j’aurais les facultés de me prendre en charge sans l’aide de personne, et que je pourrais dès lors retrouver une forme d’autonomie ; confronté à la maladie depuis quinze ans, j’ai renoncé à trop de choses et je veux reconquérir une part de ma liberté d’agir sans contraintes en réapprenant à gérer le quotidien. C’est la part concrète de ce récit.

Ce livre est donc le récit d’un road-trip intime, qui m’a conduit à traquer le divin en organisant une situation particulière et en m’adonnant intensément à une pratique. Au travers de l’expérimentation et de mes pérégrinations, j’ai conduit une expérience littéraire à la manière d’un aventurier rédigeant son carnet de bord lors d’une traversée inaugurale, qui narrerait avec constance les étapes et les écueils de son voyage.

Extrait :

Depuis que je suis adulte, j’ai lutté pour garder la tête froide, un esprit rationnel et une égale résolution quant à la nature laïque et athée de mes convictions. Je dois concéder pourtant à la vérité que ce combat n’avait rien de sincère, et que j’ai conservé au fond de moi la folle aspiration que quelque chose de plus grand que nos caractères batailleurs gouvernerait le chaos du monde, même si ce chaos porte en lui les germes du doute et de la désolation de l’âme ; qui contemple la société des hommes ne peut se résoudre aisément à la réalité d’un démiurge aimant et omnipotent. Oui, j’espérais qu’un jour, j’ouvrirais les yeux sur la vérité des choses, et que la vie m’offrirait le don sublime de retrouver la foi ; sublime, car recouvrer la foi en Dieu donnerait, pensais-je, un sens à mon existence, en m’inscrivant dans une destinée plus grande que la perspective de quelques décennies à vivoter plus ou moins décemment en attendant la mort. Cet espoir me paraissait tellement insensé que j’en réfrénais l’ardeur avec violence, ma volonté de demeurer rationnel et cartésien devant l’emporter en tout ce qui touchait les activités de l’esprit. Mais si j’en avais la secrète envie, je ne ressentais au fond de moi aucun effet de la croyance. Je restais froid et l’âme éteinte, ne tremblant d’aucun feu, ne vibrant d’aucun espoir. Mais lorsque vint ce grand cataclysme et que j’eus passé tant de semaines au seuil de cette porte imaginaire, l’étincelle aurait pu se faire, et m’embraser de nouveau de la flamme de la Foi. Je l’ai dit, rien ne se fit ; j’eus le sentiment d’avoir dix mille questions supplémentaires sans le commencement d’une seule réponse. J’ai trouvé alors, idée saugrenue, Dieu bien cruel : me faire miroiter l’éternité sans me donner les moyens d’y croire.

Je ne voulais donc plus me satisfaire de cet état d’interrogation perpétuel. Tant pis si cela devait paraître très présomptueux, mais je chercherais mes certitudes, avec détermination et opiniâtreté. Et pas question de me contenter d’un vernis de croyance, ou de me laisser attraper par la première évidence venue ; j’allais débusquer de l’inébranlable, de la conviction de premier choix, opposables à tous les sceptiques. Oh, je n’avais pas la prétention ridicule de découvrir la vérité ultime, de celles qui embarquent les foules et font chavirer les civilisations ; je n’ai rien d’un messie aux petits pieds. Plus sobrement, je désirais construire mon système de croyances, avec un postulat bien établi, et ne pas rester dans l’athéisme buté ou l’agnosticisme simplet. Bref, si dérisoire que cela puisse le paraître, je voulais entamer une démarche articulée et, pourquoi ne pas dire le mot, scientifique, dans mon projet de débusquer Dieu.

Éditions Stock, 30 Janvier 2019

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