Exaltation !

2 août 2022
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Dans la nuit avignonnaise, au moment de quitter la direction du Festival après dix ans à sa tête, Olivier Py a donné sa dernière création, comme en une sorte de testament : « Ma jeunesse exaltée ». Une pièce fleuve de neuf heures, entr’actes compris, à la fois politique et mystique, social et littéraire.

« Quelque chose vient », s’affiche en lettres électriques au-dessus de la scène dès le début de la représentation. Le ton est donné.

En plateau, une génération de jeunes comédiens et un virvoltant Arlequin, jeune livreur de pizza, face à Alcandre, vieux poète fatigué. Les deux hommes se ravigorant l’un l’autre, unissent leur talent et rivalisent de puissance poétique pour révolutionner l'ordre établi. Ce dernier incarné par trois tenants du pouvoir en place, arrivistes et corrompus : un ministre de la culture, un évêque-cardinal, et un financier.

Bien sûr, le trait est appuyé, la charge féroce. Quoique… On va de canulars en farces, bien dans la tradition de la Commedia del Arte. Je comprends qu’on puisse être exaspéré par les provocations sexuelles et scatologiques, mais Rabelais non plus ne faisait pas dans la dentelle. Ou qu’on puisse être dubitatif face à un tel déluge de mots. Ecourter le propos n’aurait sans doute pas nui à l’ensemble.  

Mais personnellement un tel élan vital, une  telle affirmation de la puissance du verbe digne par moments d’un Claudel, -mais oui !-, un telle quête de la joie et de la transcendance m’ont réjouie. Dans un alliage d’humour, d’autodérision, de poésie et de profondeur Olivier Py a l’audace d’évoquer Dieu, l’espérance, la joie, l’incarnation, « la possibilité du possible » dans notre monde qui doute de ses lendemains. Et s’il dénonce les dérives ecclésiales, avec un cardinal digne de Fellini, c’est sans jamais renier la foi qui l’habite.

Joie aussi de voir les spectateurs attentifs jusqu’au bout à ce grand récit, à cette quête de sens, à cette ode au théâtre à la joie et à la parole. Enchantement du théâtre.

Ma jeunesse exaltée, d’Olivier Py. Le livre est édité chez Actes-Sud, 24€, 385p.

Claude Plettner

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