Catherine Chalier - Mémoire et Pardon

2 mars 2018

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Pourquoi j’ai écrit ce livre : 

J'ai écrit ce livre en pensant combien la mémoire humaine est habitée par des souvenirs, des paroles et des affects contradictoires: des souvenirs de libération personnelle ou collective, célébrés avec joie, mais aussi des souvenirs de souffrances et de deuil qui semblent devoir annihiler les premiers ou, à tout le moins, en fragiliser l'élan et l'expression. Mon fil conducteur commence par une réflexion sur les enfants des hébreux nés au désert, ils portent le souvenir de la sortie d'Egypte, transmis par leurs parents mais aussi le traumatisme de les avoir vus mourir au désert. C'est là, à mon sens, un symbole propre à la condition humaine. J'explique pourquoi il est demandé d'être contemporain de la sortie d'Egypte mais uniquement de se souvenir des désastres advenus et j'explore les processus de réparation que cela rend possible, sur le plan psychique, spirituel et historique en me demandant si les œuvres du pardon y trouvent leur place.

Extraits :

Le pardon donné vise essentiellement à desserrer l’emprise de la haine ou du ressentiment sur les personnes, sur les peuples ou encore tout simplement sur soi-même. Une telle entreprise reste toujours à haut risque et elle n’est pas inconditionnelle, contrairement à ce que certains penseurs affirment. C’est donc à mesurer ce risque et ces conditions qu’il faut aussi s’affronter de façon précise en prenant en compte la discordance des mémoires au plan individuel et collectif. Les paradoxes du pardon sont nombreux et aucune institution – religieuse ou politique – ne peut décréter qu’ils doivent être levés une fois pour toute sous prétexte d’un avenir délesté de la charge des souffrances. Animosité, colère et rancœur ; sentiment d’humiliation, chagrin, et mélancolie, ne disparaissent jamais par décret ou par intimidation. Pourtant, malgré ce constat, ne faut-il pas penser comment un certain pardon, lié à un travail de vérité au cœur de conflits si aigus qu’ils semblent ne devoir jamais finir autrement que par un désastre, pourrait œuvrer à l’avènement d’un peu d’apaisement entre les personnes et entre les peuples, en particulier sur la terre considérée comme promise ?

Éd. François Bourin, Janvier 2018

usersmagnifiercrossmenuchevron-down linkedin facebook pinterest youtube rss twitter instagram facebook-blank rss-blank linkedin-blank pinterest youtube twitter instagram